Préoccupés du « devenir des enfants placés devenus pupilles de l’Etat » et alors qu’un tiers seulement des enfants adoptés dans l’Hexagone vivaient auparavant en France, une dizaine de professionnels – psychologues, conseillers socio-éducatifs, professionnels des services de protection de l’enfance – ont élaboré un « Plaidoyer pour l’adoption nationale » (1). Première des dix propositions « techniques » de ce texte : la création « urgente et indispensable » d’une cellule nationale dédiée à l’adoption des pupilles de l’Etat afin de mettre ces enfants délaissés « à égalité de moyens » avec ceux de l’étranger. Selon les auteurs, la mesure de protection qu’est l’admission en qualité de pupille de l’Etat est encore « très peu utilisée » par les professionnels de la protection de l’enfance alors qu’elle pourrait concerner 8 à 10 % des enfants placés à l’aide sociale à l’enfance. Leur formation, qui les pousse à privilégier le lien avec les parents, en serait la principale raison. « Faire le constat que le maintien de ce lien fait obstacle au bon développement de l’enfant peut provoquer un sentiment d’échec chez les professionnels et les pousser à le maintenir abusivement », notent les auteurs. Et même quand les travailleurs sociaux engagent des requêtes judiciaires en vue d’obtenir une séparation, les magistrats y sont rarement favorables. Les auteurs demandent donc que les pratiques professionnelles évoluent afin d’améliorer le constat de « délaissement parental », l’acquisition du statut de pupille de l’Etat et l’accompagnement vers l’adoption ou un autre projet de vie pour l’enfant. « Il ne s’agit en aucun cas de demander une augmentation du nombre d’adoptions nationales dans le but de satisfaire la demande des postulants, mais dans celui de permettre à l’enfant d’acquérir un statut qui réponde à ses besoins fondamentaux. »
Les professionnels – qui s’expriment en leur nom propre et dont certaines propositions en rejoignent d’autres (2) – insistent, enfin, sur le fait que « mettre des moyens dans le développement des projets d’adoption pour certains enfants serait une option moins coûteuse que les placements de longue durée à la charge des collectivités ».
(1) Contact :
(2) Notamment par le rapport « Colombani » en 2008, par l’inspection générale des affaires sociales en 2010 ou encore par l’Académie de médecine en 2011. En outre, un projet de loi réformant l’adoption présenté en conseil des ministres en avril 2009 mais jamais inscrit à l’ordre du jour du Parlement allait dans le même sens, de même qu’une proposition de loi portée par la députée (UMP) Michèle Tabarot, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale en mars 2012, mais dont le Sénat ne s’est pas encore saisi – Sur cette proposition de loi, voir ASH n° 2750 du 9-03-12, p. 12.