Quid du « pacte de dignité » qui leur a été promis lors d’une rencontre avec le chef de l’Etat, le 13 septembre, « quand, en stigmatisant une population entière et en la désignant comme indésirable, le ministère de l’Intérieur va à l’exact opposé de cette ambition ? » Après les propos de Manuel Valls, selon lequel la majorité des populations rom ne veut pas s’intégrer et doit être reconduite à la frontière, c’est la question que posent, dans une lettre ouverte à François Hollande du 30 septembre, les représentants de huit associations de solidarité (1). Elles en appellent à son arbitrage : « Votre expression publique n’est plus seulement attendue. Elle est à présent indispensable. » Aux débordements politiques, on ne doit ni « accorder une importance démesurée, ni penser que les mots passent sans laisser de trace », prévient la Fondation Abbé-Pierre.
Lors du conseil des ministres du 2 octobre, François Hollande a vivement « recadré » son gouvernement pour clore la polémique qui opposait depuis une semaine Manuel Valls et Cécile Duflot, laquelle avait condamné les propos du ministre de l’Intérieur. Le chef de l’Etat a rappelé que « la France avait des valeurs et des principes et que la politique à l’égard de la population rom les respectait scrupuleusement », a déclaré la porte-parole du gouvernement.
Pour DEI (Défense des enfants International)-France, cette polémique est la goutte d’eau qui finit de noyer la « circulaire alibi du 26 août 2012 » sur l’anticipation et l’accompagnement de l’évacuation des campements illicites. Dans un courrier qu’elle lui a adressé le 25 septembre – deux jours avant une rencontre sur le bilan de ladite circulaire (voir ce numéro, page 42) à laquelle elle n’a pas souhaité assister –, l’association informe le délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement de son retrait des groupes de travail sur le suivi de sa mise en oeuvre. « Nous constatons aujourd’hui quasiment partout que la volonté de chasser [les occupants de campements] prime sur toute considération humaniste et même humanitaire », argumente-t-elle. Elle rappelle attendre « de prendre connaissance de la nouvelle contribution de la France à la stratégie européenne d’insertion des Roms ».
Plusieurs personnalités et organisations, dont la Ligue des droits de l’Homme, la Fnasat (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les tsiganes et les gens du voyage) ou SOS Racisme, ainsi que plusieurs députés européens, appellent à une mobilisation, le 6 octobre à Paris, en faveur de « la dignité des Roms et des gens du voyage ».
(1) Secours catholique, Cimade, CCFD-Terre solidaire, Emmaüs France, FNARS, Médecins du monde, Collectif Romeurope, ATD quart monde.