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BASS : le comité d’éthique d’Unifaf attentif aux dérives sectaires

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« Trop d’organisations profitent de la crédulité ou de la détresse des personnes fragiles dans des intérêts mercantiles, voire sectaires », alerte Denis Lavat, administrateur CFTC et membre du comité d’éthique d’Unifaf, organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) de la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (BASS).
Quel est le rôle du comité d’éthique d’Unifaf ?

Il a pour mission, depuis 1998, de protéger les salariés et les usagers de la branche des dérives sectaires et de contribuer à la moralisation des pratiques de formation. Il compte parmi ses membres des représentants de la Miviludes, mission interministérielle chargée d’observer et d’analyser le phénomène sectaire, de l’Unadfi (1), du ministère des Affaires sociales et de la Santé, de la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et d’autres OPCA. Ces deux dernières années, nous avons beaucoup échangé sur la question des pratiques de soins non conventionnelles. Elles concernent tous les secteurs mais le médico-social, notamment le secteur des personnes âgées, est particulièrement touché. Mais ces pratiques se retrouvent également au sein de l’hôpital public ! Notre branche est plus vulnérable car nos établissements sont destinés à des personnes fragiles ou malades à qui on ne peut pas reprocher de se tourner vers des traitements alternatifs quand les médicaments ne leur apportent pas de solutions. Ce qui est vrai pour les usagers l’est aussi pour les salariés qui, fatigués, stressés, peuvent se tourner vers des structures de formation qui vendent du vent.

Quels risques avez-vous repérés ?

On estime autour de 40 % les malades qui se tournent vers les thérapies parallèles. Cela a toujours existé : dans le temps c’étaient les rebouteux, aujourd’hui c’est l’hypnose, l’acupuncture, la sophrologie… Selon les conclusions de l’Académie de médecine, ces pratiques dans la plupart des cas ne peuvent pas faire de mal, mais il n’est pas scientifiquement établi qu’elles font du bien… Parfois elles sont nocives. On a entendu parler de « tisanes aux herbes » « prescrites » à des personnes pour le traitement de cancers alors qu’elles sont contre-indiquées par le corps médical. Il y a aussi un certain nombre d’organismes de formation opportunistes qui escroquent les individus sans que cela soit sectaire, comme ceux qui prétendent « améliorer les relations humaines ». Face à ces pratiques, j’applique le doute systématique.

Unifaf a-t-il financé des formations de ce type ?

Tout dossier de demande de prise en charge doit s’accompagner du référentiel de la formation, de justificatifs sur les moyens pédagogiques mis en œuvre, des CV des formateurs – en plus du simple numéro d’agrément. Mais cela ne suffit pas toujours à repérer les escrocs. En tant qu’OPCA, nous n’avons pas la compétence pour décréter qu’une structure est sectaire. Mais nous pouvons émettre des doutes si nous voyons passer des dossiers « limites ». Je pense à une association de formation qui avait perdu son agrément dans une région et qui s’est rouverte ailleurs. Grâce à la centralisation des informations d’Unifaf, nous avons refusé son financement et déclenché l’alerte auprès de Tracfin, agence d’Etat luttant contre les circuits financiers clandestins (2). Nourris par les rapports de la Miviludes (3), nous sommes plus attentifs mais cela reste très délicat. Si des usagers ont des doutes sur des structures ou des sessions, ils peuvent contacter Unifaf (4).

Sans doute ne faut-il pas balayer d’un revers de la main tous les traitements alternatifs : ils peuvent être proposés dans le cadre institutionnel et sous contrôle. Cela permettrait de répondre à l’appétence des malades tout en veillant à ce qu’ils ne partent pas vers des soins totalement fantaisistes. Il faut faire passer ce message : même si la confiance a beaucoup d’importance dans la relation patient-thérapeute, elle ne doit pas être aveugle.

Notes

(1) Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes.

(2) www.economie.gouv.fr/tracfin/accueil-tracfin.

(3) Voir ASH n° 2757 du 27-04-12, p. 28 et n° 2809 du 10-05-13, p. 7.

(4) www.unifaf.fr.

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