Le 25 septembre, la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) publiait les chiffres des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en août (1). Des chiffres qui montraient une baisse de 50 000 du nombre de chômeurs inscrits en catégorie A (2), du jamais vu depuis près de 13 ans ! Ces derniers étaient ainsi estimés à 3 235 700 en France métropolitaine (– 1,5 % sur un mois). Globalement, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi tenues de faire des actes de recherche d’emploi (catégories A, B et C) s’établissait, quant à lui, à 4 789 200, en baisse de 1,3 % sur un mois (– 62 700). Une bonne nouvelle toutefois tempérée par la DARES : ces données « peuvent être affectées par une hausse d’une ampleur inhabituelle des sorties enregistrées pour cessations d’inscription pour défaut d’actualisation en août », prévenait-elle dans sa publication. Bien lui en a pris… En effet, après une enquête menée à la demande du ministre du Travail, Pôle emploi et la DARES ont révélé, dans un communiqué commun du 30 septembre, que le recul annoncé du nombre de chômeurs avait en fait été fortement amplifié à la suite d’un dysfonctionnement chez l’opérateur téléphonique SFR, chargé par Pôle emploi de rappeler tous les mois aux demandeurs d’emploi d’actualiser leur situation. SFR a « rencontré une grave défaillance dans l’acheminement d’une partie des messages de relance (SMS et messages vocaux) aux demandeurs d’emploi lors de la campagne d’actualisation du mois d’août ». Conséquence : la baisse du nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A serait en réalité environ moitié moindre que celle annoncée.
« Au regard des comportements d’actualisation observés dans le passé, on peut estimer que l’impact à la baisse de ce dysfonctionnement sur le nombre d’inscrits en catégorie A, B et C est compris dans une fourchette de 32 000 à 41 000, dont 21 000 à 28 000 en catégorie A », expliquent la DARES et Pôle emploi. « Ainsi, en l’absence de ce dysfonctionnement, on peut estimer que le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A, B et C aurait connu en août 2013 une diminution comprise entre 22 000 et 31 000 (soit entre – 0,4 % et – 0,6 %) ; pour la catégorie A, la diminution aurait été comprise entre 22 000 et 29 000 (soit entre – 0,7 % et – 0,9 %) ». Pour le ministère du Travail et de l’Emploi, cela reste donc quand même « la première baisse depuis 27 mois et la plus importante depuis décembre 2007 ».
De son côté, Pôle emploi assure que « cet incident » n’aura pas de conséquences sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi sortis des listes. Et que « toutes les mesures seront mises en œuvre pour garantir que les prochaines relances assurées par SFR lors de la campagne d’actualisation au titre du mois de septembre se passent dans les meilleures conditions ». Michel Sapin a en outre demandé à Pôle emploi et à la DARES de « renforcer leur contrôle qualité sur le processus d’élaboration des chiffres mensuels ». Cela suffira-t-il à rassurer sur la fiabilité des statistiques du chômage éditées chaque mois par le ministère du Travail ? Très régulièrement, en effet, des économistes mettent en garde contre la « volatilité » de ces données qui relèvent d’une gestion administrative, sont basées sur du « déclaratif » et ne sont pas reconnues dans les comparaisons internationales. Beaucoup d’entre eux jugent le taux de chômage calculé trimestriellement par l’INSEE plus fiable.
(1) Dares Indicateurs n° 058 – Septembre 2013 – Disponible sur
(2) La plupart des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi sont tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi. Certains sont sans emploi (catégorie A), d’autres ont exercé une activité une activité réduite courte d’au plus 78 heures au cours du mois (catégorie B) ou une activité réduite longue de plus de 78 heures (catégorie C).