Alors que le futur projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement pourrait être présenté avant la fin de l’année, deux études – l’une démographique, l’autre économique – donnent de nouvelles perspectives en vue de la prise en charge de la dépendance dans les décennies à venir. Selon les scénarios, en 2060, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait se situer entre 1,82 million et 2,65 millions – contre 1,2 million début 2012 –, évalue la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) (1). Au-delà de ces chiffres, l’étude anticipe les modes de vie de ces publics. Alors qu’aujourd’hui 80 % des plus de 60 ans vivant à domicile sont accompagnés par un proche, les aidants pourraient à l’avenir être moins nombreux, les baby-boomers ayant eu moins d’enfants que leurs parents. La proportion d’hommes dépendants sans conjoint ni enfant augmenterait progressivement de 12 % en 2030 à 18 % en 2040. A cela s’ajoutent les conséquences du recul de l’âge de la retraite et la hausse de l’activité féminine : les aidants potentiels seront moins disponibles pour leurs parents. Enfin, l’augmentation de l’âge moyen des publics dépendants signifie que leurs enfants auront davantage de risques d’être eux-mêmes en mauvaise santé. Ces évolutions pourraient entraîner une progression plus forte des entrées en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes à l’horizon 2040. Le taux de croissance moyen du nombre de personnes résidant dans ce type d’établissement serait d’environ 2,2 % par an, contre 1,9 % par an pour les personnes âgées dépendantes vivant à domicile.
L’augmentation du nombre de personnes âgées pose la question du coût de leur prise en charge. Une seconde étude publiée par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) (2), et qui se base sur des projections démographiques datant de 2011, analyse le coût de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Elle montre que le besoin de financement passerait de 7,7 milliards d’euros en 2010 à 12,4 milliards en 2025, puis à 20,6 milliards en 2040. La clé du partage de ce coût entre la prise en charge publique et le reste à charge dépendra ensuite de l’indexation du plafond et des seuils du barème de l’APA. Si ces derniers sont indexés sur les prix, comme c’est le cas aujourd’hui, « une part croissante des allocataires [verra] son montant d’APA restreint par le plafond » et la part du financement public se monterait à 7,7 milliards en 2025 et à 11,2 en 2040, soit 54 % du besoin total (contre 68 % en 2010). A l’inverse, l’indexation sur les salaires « éviterait une dégradation du taux de prise en charge » mais coûterait plus cher à la collectivité. Le coût de l’APA pour les finances publiques atteindrait, dans ce cas, 15,4 milliards en 2040 et représenterait 75 % du besoin de financement.
(1) « Projection des populations âgées dépendantes » – DREES – Dossiers Solidarité et Santé n° 43 – Disponible sur
(2) « L’allocation personnalisée d’autonomie à l’horizon 2040 » – INSEE Analyse n° 11 – Disponible sur