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Plan contre les drogues : les associations restent sur leur faim

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Axé sur la prévention, le plan de lutte contre les drogues 2013-2015 présenté le 19 septembre par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) (1) comporte, selon le Réseau français de réduction des risques, « de réelles avancées sur la réduction des risques ». Parmi elles, le renforcement du dispositif actuel (notamment en direction des usagers les plus éloignés des structures) ou la mise en place de formations communes pour les personnels de la police, de la justice et de la santé. Ce plan « dessine une évolution forte », estime également la Fédération Addiction. Plusieurs propositions – relance des consultations jeunes consommateurs, développement de l’inter­vention précoce, appui aux parcours de soins coordonnés avec le rôle des réseaux de santé addictologiques… – vont dans le sens « d’une mobilisation des acteurs de premier recours pour contrer et anticiper les effets addictogènes de notre société », se félicite-t-elle. De son côté, l’association AIDES relève quelques dispositions importantes, en particulier la reconnaissance de l’inhalation des drogues comme outil de réduction des risques ou encore les mesures à destination des femmes.

Néanmoins le plan comporte de « cruelles déceptions », déplore le Réseau français de réduction des risques. Act up relève l’impasse sur l’accès aux seringues en milieu carcéral « malgré plusieurs mois de réunions avec le ministère ». Un avis partagé par AIDES, qui déplore le silence sur la diversification de la palette des traitements de substitution. L’éducation à l’injection n’est pas non plus évoquée, regrette l’association, qui rappelle qu’elle expérimente depuis 2011, avec Médecins du monde et le soutien de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites, un projet d’accompagnement et d’éducation aux risques liés à l’injection.

Autre point noir pour les associations, le plan conserve « l’approche pénale des addictions » promue par la loi du 31 décembre 1970 réglementant l’usage de stupéfiants en France. Celle-ci considère l’usager de drogues comme un individu à la fois délinquant (l’usage de drogue est passible d’emprisonnement ferme) et malade (des exemptions de poursuites pénales sont possibles pour les toxicomanes qui acceptent de se soumettre à une cure de désintoxication). Signataire de la charte « Pour une autre politique des addictions » lancée en juillet 2012 (2), l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) regrette que rien, dans ce plan, ne traduise « une volonté politique de faire évoluer l’action publique » en rénovant la loi de 1970, « alors que le constat d’échec des politiques centrées sur la prohibition et la pénalisation a été largement souligné ». « L’usager simple continuera d’être inutilement pénalisé », souligne pour sa part Pierre Chappart, coordinateur du Réseau français de réduction des risques qui se montre favorable à une graduation de la sanction « selon la nocivité des produits, comme l’a proposé la Commission européenne, en n’utilisant la pénalisation qu’en dernier recours ».

Enfin l’ANPAA et la Fédération Addiction déplorent que la taxation de l’alcool ou du tabac ait été abandonnée, laissant « encore trop les familles et les éducateurs en première ligne et seuls pour s’opposer à la toute-puissance des industries productrices de substances addictogènes ».

Notes

(1) Voir ASH n° 2825 du 20-09-13, p. 5.

(2) Cette charte réclamait la suppression de la sanction pénale attachée à un comportement individuel – www.pouruneautrepolitiquedesaddictions.fr – Voir ASH n° 2769 du 20-07-12, p. 24.

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