Le groupe de travail Dinet-Thierry sur « la gouvernance des politiques de solidarité », qui a contribué à la préparation du plan contre la pauvreté, en a donné une définition précise sur laquelle notre association – qui y a participé – se retrouve. L’idée est qu’on peut intégrer la lutte contre la pauvreté et l’inclusion sociale dans une approche de développement, c’est-à-dire privilégier une logique de projet sur un territoire avec des groupes ou des individus à une logique de prestations. Il s’agit de conjuguer les solidarités de droit commun – les diverses allocations – et les solidarités d’engagement. Le développement territorial est un mouvement dans lequel les départements ont commencé à s’engager. Malheureusement, si le Premier ministre a reconnu que le conseil général pouvait être le pivot autour duquel s’organisent les politiques territoriales de lutte contre la pauvreté (2), celui-ci a du mal à être reconnu comme un développeur. L’Assemblée des départements de France (ADF) s’est toutefois battue pour que le département soit reconnu, dans le projet de loi « de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles », comme le chef de file de l’action sociale et du développement social (3).
En sortant d’une vision réductrice de l’action sociale. L’Andass promeut l’idée que les politiques de solidarité doivent irriguer toutes les politiques publiques dont elles se nourrissent par ailleurs. Quand le Pas-de-Calais instaure la gratuité des transports pour les moins de 19 ans, il participe autant à la solidarité que le travail social car il apporte du pouvoir d’achat ! Cela implique aussi que le département investisse dans la transversalité et la coopération. Dans le Pas-de-Calais, nous mettons en place neuf maisons de l’autonomie afin de fédérer tous les services publics et privés intervenant auprès des personnes âgées et handicapées. Le département doit devenir un assembleur des structures et des intervenants autour des situations individuelles ou collectives.
De rompre avec l’idée que l’on peut tout demander au travail social – ce n’est pas lui qui construit les logements ! Et donc d’organiser sa complémentarité avec les autres services du conseil général, les agents administratifs, les bénévoles… Encore faut-il qu’on le libère un peu de la gestion des dispositifs. Des agents administratifs, à condition d’être formés, peuvent s’occuper de l’accès aux droits. Les travailleurs sociaux doivent se recentrer sur les fonctions d’accueil et d’accompagnement, qui, pour l’Andass, signifie marcher côte à côte et d’un même pas.
Les choses avancent puisqu’elle figure de plus en plus dans les orientations stratégiques des départements. La Gironde et le Nord ont mené de belles expériences d’accompagnement des usagers à la prise de parole lors d’assises de l’insertion.
Le Pas-de-Calais, dans son pacte départemental de la jeunesse, a constitué un groupe d’experts composé de jeunes de moins de 30 ans. Il a aussi créé des « groupes citoyenneté et médiation sociale » afin de recueillir la parole de bénéficiaires du RSA. La participation des usagers est une chance pour le travail social, même s’il y a toujours quelques réticences.
Sur le plan des idées, cela avance. Dans le groupe Dinet-Thierry, toutes les fédérations associatives étaient d’accord. Maintenant, il faut arriver à convaincre et, pour cela, l’Etat et les collectivités locales doivent favoriser l’initiative locale.
Le développement tel qu’on l’a connu avec une progression des dépenses de deux à trois fois supérieure aux ressources n’est plus possible ! Il faut désormais réfléchir beaucoup plus à la façon dont on investit, sur quoi et à quoi cela sert.
(1) Qui organisait ses journées du 25 au 27 septembre sur ce thème – Voir
(2) L’Etat a lancé des expérimentations sur la gouvernance territoriale dans quatre départements : Nord, Meurthe-et-Moselle, Drôme, Val-d’Oise.
(3) Retirée par le Sénat du texte initial, la notion de développement social, dans le cadre d’un amendement proposé par l’ADF, a été reprise par les députés. Elle a été confirmée par la commission des lois du Sénat, qui examinera le texte en deuxième lecture le 2 octobre.