Oui, la quasi-totalité avaient déposé leur dossier de déclaration rectificative dans les temps. Une douzaine d’écoles avaient même anticipé en mettant en crédits tout ou partie de leurs formations dès septembre 2011 ou 2012.
Le grand changement, c’est la construction semestrielle et modulaire de la formation. L’étudiant doit acquérir des compétences non plus à partir d’heures de cours réparties sur une année scolaire mais à travers des modules de formation organisés sur un semestre. Une formation complète de niveau III se compte en six semestres et représente 180 crédits ECTS. Un parcours « type » doit permettre d’acquérir 30 crédits en un semestre, 60 en une année.
Les écoles ont dû définir les modules qui vont permettre d’acquérir les domaines de compétences. Beaucoup d’entre elles en ont profité pour construire des modules communs aux formations d’éducateur spécialisé, d’assistant de service social et d’éducateur de jeunes enfants. Dans notre institut, nous n’en sommes qu’aux balbutiements et la mise en commun ne porte encore que sur des parties de modules. Il est clair que ce découpage favorise la transversalité entre les diplômes, ce qui va dans le sens défendu par l’Unaforis de parvenir à une mutualisation des formations de niveau III à hauteur de 40 %. Autre intérêt : les établissements ont dû formaliser davantage leurs projets pédagogiques, ce qui accroît la lisibilité des formations. Qu’est-ce qu’on fait ? A quel moment ? Avec quels moyens ? Il a fallu notamment préciser l’articulation entre les objectifs des semestres et les contenus des modules. Cette clarification est indispensable si l’on veut éviter de mettre des contenus les uns derrière les autres et de morceler les formations. Il s’agit aussi d’aider les étudiants à se repérer et à assembler les pièces du puzzle. Enfin, la plupart des modules doivent articuler temps de formation théorique et temps de stage, ce qui devrait renforcer l’alternance intégrative.
Le système vise à proposer à l’étudiant un parcours progressif, régulièrement évalué ; chaque module est validé à chaque semestre. Mais le risque, c’est d’empiler les évaluations – on pourrait arriver à 45 validations dans un parcours de formation ! – et de favoriser des logiques de « bachotage » au détriment de la dimension de professionnalisation. Pour éviter cette dérive, nous avons, dans notre institut, retenu un séquencement en modules qui ne soient pas trop petits. Nous avons, en outre, prévu la rédaction d’un dossier en fin de semestre, dont les éléments permettront de valider des modules de plusieurs domaines de compétences. Les établissements peuvent jouer sur les modalités de l’évaluation, qui peut être un travail à rendre, un exposé…
Ce n’est qu’à la fin du cursus que tous les modules doivent être validés. Nous devons donc éviter que des étudiants arrivent, comme c’est le cas pour les infirmières, en 3e année avec des modules non validés de 1re et 2e année, et se retrouvent avec une charge de travail trop lourde pour réussir. A cette fin, chaque établissement a prévu un dispositif de rattrapage des modules non validés à la fin des deux semestres de l’année.
Ces suppléments, délivrés en même temps que les diplômes d’Etat – en 2016, voire en 2015, 2014 pour les établissements les plus avancés –, attestent des compétences acquises et rendent les titres comparables au plan européen. De fait, il va devenir très difficile pour le ministère de refuser le grade de licence à des diplômes qui seront échangeables avec des licences d’Etats voisins ! Jusqu’où ira-t-on dans l’absurde ?
(1) Diplômes d’Etat d’assistant de service social, d’éducateur spécialisé, d’éducateur technique spécialisé, d’éducateur de jeunes enfants, de conseiller en économie sociale familiale.
(2) Institut régional supérieur du travail éducatif et social.
(3) Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale.