« Contrairement à la thèse selon laquelle la France paupérisée se situerait dans le périurbain lointain ou dans les campagnes, elle est surtout présente en ville », pointe Louis Maurin, consultant au bureau d’étude Compas et directeur de l’Observatoire des inégalités, qui s’est fondé sur les données de l’INSEE de 2010 pour déterminer « où vivent les pauvres » en France.
L’étude (1) montre que 57 % des personnes pauvres habitent dans des agglomérations de plus de 50 000 habitants et que le taux de pauvreté le plus élevé (18 %) est dans celles de 100 000 à 200 000 habitants. Si l’Ile-de-France (et Paris en particulier) s’est en partie vidée de sa population pauvre du fait de l’explosion des prix des loyers à partir des années 1980, on y recense encore 1,3 million de personnes démunies. Ce chiffre « masque des contrastes importants entre les territoires de cette gigantesque agglomération qui concentre l’extrême richesse et la plus grande pauvreté, des Hauts-de-Seine à la Seine-Saint-Denis », note Louis Maurin. A elles seules, les agglomérations de 200 000 habitants ou plus concentrent un quart des personnes pauvres, soit 2,2 millions de personnes. « Là aussi, l’effet prix joue et empêche une partie des populations les plus démunies de s’y loger, notamment au cœur des villes, et les contrastes sont marqués entre les différentes parties de ces territoires. »
Plus on se dirige vers des petites unités urbaines, plus le taux de pauvreté diminue : par exemple, 1,8 million de personnes pauvres vivent dans des communes rurales, mais le taux de pauvreté n’y est que de 12,5 %. Pour aller plus loin, Compas a élaboré un comparateur des territoires, commune par commune, sur la base des données de l’INSEE (2).
(1) Disponible sur
(2)