Ils s’appellent Michel, Faima, Abdoulaye. Ils viennent d’Afghanistan, de Guinée, du Bangladesh. Tous ont subi des menaces, des violences, des persécutions : pour avoir empêché l’excision d’une fillette, manifesté pour les droits de l’Homme, refusé de se prêter à la corruption, choisi une autre foi que celle de leurs proches ou encore appartenu à la famille d’un opposant au régime. Tous ont demandé l’asile en France – sans toujours l’obtenir. L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), organisation française de défense des droits de l’Homme, a rassemblé leurs récits – cauchemardesques – dans un ouvrage au titre évocateur : Je n’avais plus le choix, il fallait fuir. « L’asile, c’est l’ultime liberté qui reste lorsqu’on a déjà perdu toutes les autres », défend l’association en présentant ces témoignages. Une dernière liberté qui apparaît pourtant bien menacée : labyrinthe administratif, procédures kafkaïennes, suspicion quasi systématique de la part des officiers de protection chargés de recueillir le récit de vie des candidats, précarité comme seul horizon… « Les chemins empruntés par les réfugiés sont parsemés de chausse-trapes, voies sans issue et pièges administratifs, décrit l’ACAT. Les persécutions qu’ils fuient ne sont souvent que le prélude à un long calvaire. » A plusieurs reprises, la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme, notamment pour ses procédures expéditives qui exposent les demandeurs au renvoi vers leur pays d’origine avant même que leur dossier ait été correctement étudié. « Ces récits nous disent combien il est urgent d’améliorer le système censé protéger ces hommes et ces femmes », et de « rompre avec une politique de fragilisation et de stigmatisation des réfugiés », conclut l’association, qui rappelle : « Les candidats à l’asile n’ont pas choisi l’exil, pas plus qu’ils n’usent et abusent de notre système de protection pour se construire une vie confortable dans l’eldorado Europe. C’est bien contraints qu’ils ont quitté leur pays, parce que leur vie était en danger ou leur dignité bafouée. »
Je n’avais plus le choix, il fallait fuir. Paroles de réfugiés
ACAT – Ed. Les Petits Matins (