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Il y a quelques années, deux enseignantes intervenant dans des classes d’accueil à destination de jeunes migrants proposent au réalisateur Xavier de Lauzanne de faire un film sur leur classe. Le documentariste se passionne pour le sujet et passe une année scolaire dans une école parisienne aux côtés d’Aboubacar, le colérique, de Dalel, l’émotive, de Hamza, le complexé, de Thierno, le taiseux, et de leurs copains. Arrivés du Congo, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Tunisie ou de l’Algérie depuis deux, trois, voire six mois, en situation légale ou non, ces adolescents – ils ont entre 13 et 16 ans – ne maîtrisent pas encore tous les codes de la vie sociale. Quant à la langue française, ils la parlent tous, mais ont des difficultés à l’écrit. Il faut dire que leur vie d’« avant » ne les a pas épargnés – « En Côte d’Ivoire, je faisais rien », affirme Aboubacar, déscolarisé dès l’âge de 11 ans. Certains jeunes ont perdu leurs parents, d’autres vivent entassés dans des petits appartements de banlieue avec leur famille. Xavier de Lauzanne les nomme des « enfants valises », un terme qui lui a été inspiré par une assistante sociale et qui désigne habituellement les enfants des DOM-TOM envoyés en métropole. Selon lui, cette expression « dit bien que ces jeunes subissent les décisions prises par les adultes ». Avant de poursuivre : « Cette condition d’“enfants valises” les façonne. Nombre d’entre eux sont en effet évanescents, insaisissables, ils ne sont pas habitués à s’inscrire dans une régularité et souffrent d’une remise en cause permanente. » Alors, souvent, ils ratent les cours ou n’arrivent pas à se lever pour aller au stage que l’enseignante leur a trouvé tant bien que mal… Quand ils viennent, à quelques exceptions près, tous ont le sourire aux lèvres et semblent heureux de vivre en France et d’apprendre. Dans une séquence, ils étudient les conjugaisons en écoutant Johnny Hallyday ; dans une autre, ils s’entraînent à la prononciation en parlant avec un crayon entre les lèvres. Mais Xavier de Lauzanne filme aussi l’imprévu : les enfants ont manifestement oublié la caméra et le cinéaste parvient à capter des regards tendres, des silences gênants et même l’irruption de la violence. En épilogue, alors que le spectateur s’est attaché à ces jeunes héros, le réalisateur propose de découvrir ce qu’ils sont devenus cinq ans après le tournage… « afin que le film se termine sur une perspective d’avenir ».

Enfants valises

Xavier de Lauzanne – 1 h 26 – En salles le 11 septembre

Culture

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