Au moment du lancement de la « garantie jeune » et des réflexions sur la réforme du RSA (revenu de solidarité active), le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) publie les résultats d’une expérimentation menée en 2011 et 2012 sur la sécurisation des revenus et l’accompagnement des jeunes diplômés en difficulté d’insertion (1). Et pose la question, éternel débat, de la façon la plus pertinente d’assurer aux moins de 25 ans sans emploi ni formation un minimum de ressources.
Le dispositif est une déclinaison du revenu contractualisé d’autonomie (RCA), expérimenté auprès de 5 000 jeunes en difficulté d’insertion inscrits dans les missions locales, avec le soutien du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse. Afin d’étudier un système adapté aux diplômés du supérieur, le « revenu contractualisé d’autonomie pour les jeunes diplômés » (RCA-JD) a été conçu pour 500 volontaires répondant à quatre critères : être titulaire d’au moins une licence, être inscrit depuis plus de six mois à Pôle emploi, ne pas être indemnisé et avoir moins de 24 ans. L’allocation, garantie pendant une année, n’excède pas 250 € par mois. Non cumulable avec le RSA ou une indemnité de service civique, elle est dégressive selon les revenus d’activité et s’annule pour les jeunes gagnant un SMIC à temps complet. Confié à l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), l’accompagnement est intensif et va jusqu’au suivi dans l’emploi.
L’évaluation du dispositif montre que le RCA-JD a, en partie, manqué sa cible : seulement 276 contrats ont été signés. En cause, le faible nombre de jeunes remplissant tous les critères d’éligibilité. De plus, l’âge limite de 24 ans évince ceux qui poursuivent leurs études au-delà, tandis que le critère de l’ancienneté de l’inscription à Pôle emploi écarte ceux qui n’ont pas entrepris cette démarche. Au final, sur toute la durée de l’accompagnement, 20 % des allocataires ont perçu moins de 500 € et 27 % plus de 2 000 €. Spécificité du public très diplômé, la moitié déclare avoir effectué des jobs d’appoint pendant la recherche d’emploi. Cette aide contribue à améliorer les conditions de cette recherche, mais aussi à satisfaire les dépenses quotidiennes. Aussi, entre soutien indispensable et « plus » bienvenu, la perception de l’allocation est diverse selon la situation du jeune, qui peut être, par ailleurs, soutenu par ses parents, vivre chez eux ou, au contraire, n’avoir aucune autre aide.
Surtout, pour 89 % des jeunes, l’accompagnement a joué un rôle important dans la décision de signer un contrat, davantage que l’allocation (83 %). La plupart auraient suivi l’accompagnement de la même manière sans soutien financier. Les jeunes diplômés, qui déplorent de ne pas être préparés à la recherche d’emploi et de ne pas bénéficier via Pôle emploi d’un accompagnement adapté, attendent surtout de rompre un sentiment d’isolement et d’être mieux conseillés. Peu concluante sur l’allocation, l’expérimentation montre « la nécessité de mieux cibler les aides financières sur les plus précaires ou les jeunes de milieux modestes, et d’adapter son montant aux besoins ». Et, parce que la principale valeur ajoutée du RCA-JD réside dans l’accompagnement, de développer une offre adaptée aux jeunes diplômés du supérieur en difficulté sur le marché du travail.
Quant au RCA destiné aux jeunes inscrits dans les missions locales, son évaluation définitive (réalisée par l’Ecole d’économie de Paris et le Crédoc) est attendue pour 2014. Fin 2012, un premier bilan fait état de l’effet « mobilisateur » de l’allocation, avec toutefois des réserves sur le principe de sa dégressivité.
(1) « Quelle aide à la recherche d’emploi pour les diplômés du supérieur en difficulté ? » – Bref du Céreq n° 313 – Août 2013 – Disponible sur