Le Mali, l’Algérie, la Turquie. Trois pays qui, pour de nombreux migrants, auraient dû n’être que des étapes dans leur parcours vers l’Europe. Trois pays dans lesquels, refoulés ou expulsés, nombre d’entre eux finissent par s’installer. Parce qu’ils espèrent toujours passer de l’autre côté, ou parce qu’ils ne peuvent plus revenir en arrière. « Quand je suis revenu au Sénégal, ça m’a fait du mal. Tout le monde se moquait de moi, parce que je n’avais rien ramené. Tout le monde pensait que j’allais devenir footballeur », témoigne ainsi, dans le webdocumentaire Les voyageurs, un jeune homme échoué dans le quartier Kumkapi d’Istanbul. Produit par Médecins du monde (MDM), dont les missions locales proposent divers services aux migrants, ce documentaire donne la parole aux principaux intéressés, mais aussi aux médecins, éducateurs pairs, associations partenaires de MDM qui les accompagnent et les soutiennent. Au cours des trois films, apparaissent des pastilles cliquables – une par pays – qui offrent l’accès à des informations sur les termes employés ou les missions développées sur place. Au-delà de la précarité, le point frappant est la santé mentale vacillante des migrants. Confrontés au rejet, à la honte, à l’exploitation, à l’effondrement de leur projet migratoire, beaucoup ne tiennent que grâce au foot, aux groupes de parole et à l’entraide – « On est dans la famille, on s’arrange entre nous », affirme l’un. Une « famille » durement éprouvée, toujours plus nombreuse, mais qui s’accroche à son rêve tout simple : un travail, un logement, la paix et un peu d’argent pour ceux qui sont restés au pays.
Les voyageurs
Sophie Brändström, David Delaporte et Abderrahmane Moussi, avec les équipes locales de Médecins du monde –