Ses rêves et ses espoirs, elle les formule surtout pour ses fils. A 26 ans, Adela en a quatre : trois entre 5 et 11 ans, et un dernier à naître. « Je ne veux pas que mes enfants vivent le même cauchemar que celui que j’ai connu, répète-t-elle. Je rêve que chacun ait son métier, sa maison, qu’ils oublient même qu’ils ont vécu dans un endroit pareil. » Rom de Roumanie, Adela vit avec son mari et ses garçons dans un bidonville de Ris-Orangis (Essonne), au bord de la nationale 7. Elle est le principal personnage du webdocumentaire La valse des Roms, mis en ligne par Mediasolidaire et le Secours catholique. Un webdoc simple, très linéaire, qui propose au visiteur de plonger dans l’histoire de deux familles, celle d’Adela et celle de son beau-frère Dragomir. Tous deux y racontent un quotidien précaire, les baraques en bois de palettes, sans eau ni électricité, les petits boulots au noir et la manche, la scolarisation des enfants hachée par les expulsions et les entraves administratives. Vidéos, sons et photos sont complétés par des entretiens avec des professionnels et des militants tels que le directeur de l’école qui accueille les enfants d’Adela, Sandrine Halfen, sociodémographe à l’observatoire régional de santé d’Ile-de-France, ou encore Laurent El Ghozi, élu de Nanterre et cofondateur du réseau Romeurope. « Il faut le dire et le redire, il n’existe aucune spécificité culturelle qui empêcherait l’intégration des Roms », martèle ce dernier, appelant à la stabilisation des terrains, à défaut de solution de relogement immédiat. « On ne peut pas être jugé tout le monde pareil, affirme Adela comme en écho, évoquant les critiques et discriminations subies au quotidien. Même les Français ne sont pas tous gentils. Les gens ne voient en nous que la méchanceté, mais jamais ils ne connaissent notre vie, notre histoire. » Avant de regretter : « Et ça, ça ne dépend pas de nous. »
La valse des Roms
Concepcion Alvarez, Matthieu Cotinat et Gautier Demouveaux –