Le management d’un placement familial est d’une redoutable complexité », estime Laurent Cambon, à la tête d’une association parisienne spécialisée dans ce mode d’accueil. Il faut en effet conjuguer les besoins des jeunes, les exigences réglementaires et les attentes et contraintes personnelles des assistants familiaux – tout cela « dans un contexte mouvant de professionnalisation et de mutation de l’identité professionnelle » des intéressés. Précisément, depuis la loi du 27 juin 2005 relative aux assistants maternels et aux assistants familiaux, ces derniers sont considérés comme des acteurs de la protection de l’enfance au même titre que les autres travailleurs sociaux. Mais leurs partenaires institutionnels (juges, inspecteurs de l’ASE) sont encore nombreux à traiter les assistants familiaux comme des exécutants. Quant aux éducateurs, ils ont du mal à se situer par rapport à des collègues dont ils sont à la fois les égaux et, au moins de manière implicite, les commanditaires. Or l’enjeu est de faire coopérer ces personnels culturellement différents autour d’un projet commun, celui de l’enfant. Dans un « subtil équilibre » entre la reconnaissance de la professionnalité des assistants familiaux et la prise en considération de la dimension personnelle propre à l’exercice de leur profession, les cadres des services de placement doivent s’employer à modifier les représentations de métier et les pratiques. « Le changement n’est pas seulement organisationnel, il est pédagogique et identitaire », souligne Laurent Cambon, qui propose différents outils à même de permettre aux services de jouer leur « rôle d’apprenant ».
La professionnalisation des assistants familiaux
Laurent Cambon – ESF éditeur – 19,90 €