« C’est une femme âgée, assise sous une voûte, avec des valises tout autour. Devant elle, la sébile est un bonnet de tissu noir et sale. Il y a aussi un écriteau en carton abîmé avec un texte quelconque. » Ce sont ces deux objets qui intéressent Frédéric de Bresson, qui présente tout l’été le travail tiré de ses déambulations parisiennes dans l’exposition Des sébiles dans la ville dans le hall du ministère de la Culture. Diplômé de l’Ecole nationale des beaux-arts de Paris et responsable des ateliers municipaux d’art visuel de Mantes-la-Jolie (Yvelines), l’artiste essaie de repérer la singularité partout où il passe. « A la suite d’un appel de la FNARS [Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale] sur la précarité, je me suis demandé ce que je pouvais faire. Je suis descendu dans la rue, je me suis approché au plus près des sans-domicile fixe. » Et Frédéric de Bresson repère et photographie, depuis 2011, ces gobelets, cagettes, tiroirs, paniers et autres cendriers grâce auxquels les sans-abri collectent quelques pièces. Une façon de montrer avec pudeur la singularité des SDF sans dévoiler leur visage. Mais l’exposition n’est pas un catalogue de ces objets. D’abord, parce que toute sébile choisie, sa couleur, sa disposition, son état, la présence ou non d’un écriteau, est la signature de son propriétaire. Surtout, toute photo prise émane d’un dialogue engagé entre le photographe et celui qui mendie. L’artiste se déplace toujours avec des crayons, des carnets, des images pour expliquer son travail. Parfois, il laisse à ses modèles un de ses crayons de couleur. D’autres fois, les sans-abri lui demandent de partir pour ne pas effrayer les donateurs potentiels… Sous la trentaine d’images présentées sur de grands panneaux, ces dialogues sont reproduits et leur nature identifiée par un code couleur : bleu pour chaleureux, rouge pour neutre, vert pour distant. Encore aujourd’hui, Frédéric de Bresson poursuit ses promenades hebdomadaires pour rapporter, avec délicatesse, tant de situations de pauvreté dans ses petits récits imagés.
Des sébiles dans la ville
Frédéric de Bresson – Du 22 juillet au 31 août, au ministère de la Culture – 182, rue Saint-Honoré, 75001 Paris – Ouvert du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h – Puis l’exposition circulera à Mantes-la-Jolie – Pour recevoir les productions hebdomadaires de l’artiste :