« Serpillothérapeutes » ou « piliers indispensables »: les aides médico-psychologiques (AMP) intériorisent en partie cette double image qui leur est renvoyée, explique Florence Giust-Desprairies. La psychosociologue livre ici un très riche matériau sur le métier d’AMP, fruit d’une recherche formation réalisée au sein de l’association Handas, gestionnaire de structures pour enfants et adultes polyhandicapés, aujourd’hui intégrée à l’Association des paralysés de France. Au cours de ce travail auquel ont participé 20 AMP, les intéressé(e)s (18 femmes et 2 hommes) ont fait ressortir la force de leur engagement ancré dans la relation à un sujet très démuni dont il s’agit de déchiffrer l’énigme et de porter la parole. Mais les AMP peinent à nommer cette position de « chercheurs, au service d’une connaissance inséparable d’une volonté de faire reconnaître l’autre comme semblable ». Les professionnel(le)s ont encore plus de mal à rendre visible la spécificité de compétences souvent réduites à un accompagnement des besoins primaires des usagers. Pourtant, des débats sur la similitude des tâches et des difficultés et sur les souffrances liées au métier d’AMP, se dégage une identité marquée par une grande vitalité, souligne l’auteure. Aux effets fragilisants d’une moindre qualification statutaire et de discours dévalorisants semble répondre « une consolidation intérieure qui se nourrit principalement du contact avec les résidents ». Comme si la possibilité d’entrer dans le monde du polyhandicap donnait les moyens de développer une suffisante confiance en soi sans trop l’attendre d’une reconnaissance extérieure.
Le métier d’AMP. Construction d’une identité professionnelle
Florence Giust-Desprairies – Ed. Dunod – 25 €