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La Place des Roms

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Ris-Orangis, dans l’Essonne. Sur un terrain en bordure de la nationale 7 vivaient 250 Roms, installés dans un bidonville. En février dernier, quelques semaines avant que le campement soit évacué par les forces de l’ordre, une quinzaine d’adultes et quelques enfants ont participé à un projet photographique original. Lancé dans le cadre de l’installation du pôle d’exploration des ressources urbaines (PEROU) – une « ambassade » implantée au cœur du bidonville où des chercheurs et artistes sont accueillis en résidence –, le projet « La Place » avait pour finalité la réalisation d’un livre photographique bilingue français-roumain sur la vie quotidienne des habitants de ce « non-lieu ». Pour documenter leur vie de leur point de vue, il fallait que les Roms soient les photographes – « un renversement de perspective », selon Sébastien Thiéry, fondateur du PEROU, qui a fait appel à deux photographes professionnels, Jean-François Joly et Aude Tincelin, pour mener le projet. Six appareils photo ont été confiés aux habitants pour qu’ils montrent ce qu’ils traversent. Moments de grâce ou instants plus durs, le livre La Place est le miroir de leur existence. Discussions en bord de route, soirées dans les cabanes, un homme qui dort, un chemin boueux, des silhouettes sur fonds d’immeubles HLM, un regard blasé devant la route nationale, le visage dur des enfants qui grandissent dans le dénuement, un matelas, une ficelle tendue sur laquelle sèche le linge… Ce sont toutes les images qu’Abel, Leontin ou Monica Covaci, leurs frères et leurs cousins ont produites. Il a ensuite fallu faire un choix entre près de 3 000 photos et n’en retenir que 120. Autour de ces images, des temps de discussion ont permis de collecter les récits de vie, publiés dans les pages de l’ouvrage. On y apprend que Leontin était diacre en Roumanie, que Petru était soudeur ou que M. forait des puits avant de quitter son pays. Abel se souvient de son arrivée, en 2011, en France, où son oncle et sa tante étaient déjà installés. « Je suis passé par l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie. » Il évoque les squats successifs où il a séjourné un temps : Viry-Châtillon, Saint-Denis – « que j’ai dû quitter parce qu’on a été évacués des terrains. A chaque fois, j’ai pu prendre quelques objets de première nécessité, ce que j’avais sur moi et quelques habits. C’est tout. »

« Ce livre n’est pas un CV, mais un récit inouï composé par les habitants eux-mêmes pour nous dire qu’ils sont là, non loin de nous, sur cette place qui est aussi la nôtre. La Place est un autoportrait, le leur qui est aussi le nôtre. Elle nous raconte que nous ne sommes pas loin les uns des autres », conclut Sébastien Thiéry. Après le démantèlement, la quasi-totalité des familles s’est réinstallée dans un nouveau bidonville, à 700 mètres de La Place.

La Place. Ris-Orangis

7 € – A commander sur http://editions-illimitees.com

Culture

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