Face aux difficultés qu’ont les enfants handicapés à accéder aux loisirs en milieu ordinaire (1), de plus en plus d’établissements spécialisés tissent des partenariats avec des centres de loisirs, dans lesquels ils envoient en général deux ou trois enfants. A Bergerac (Dordogne), on voit plus grand. Cet été, pas moins de 25 enfants de l’institut médico-éducatif (IME) des Papillons blancs seront accueillis par quatre centres de loisirs de la ville. Une initiative financée cette année par la Fondation de France dans le cadre de l’appel à projets « Vie sociale et citoyenneté des personnes handicapées ».
L’expérimentation, portée par le directeur du secteur « enfants » des Papillons blancs, Nicolas Villoutreix, a débuté l’été dernier : un centre de loisirs a accueilli dix enfants handicapés mentaux « assez autonomes », accompagnés par deux aides-éducateurs détachés de l’IME et la coordinatrice du projet. Le financement était alors assuré par les Papillons blancs. Après un bilan positif, l’établissement a décidé d’étendre l’expérience cette fois à des enfants moins autonomes.
Les centres de loisirs « ont souvent un manque de connaissance, de volonté et de moyens, à cause de leur peur et de leur incompréhension du handicap, explique Géraldine Caumont, coordinatrice de l’Accueil de loisirs adaptés (ALA) des Papillons blancs de Bergerac. De leur côté, les familles ont du mal à faire la démarche d’aller vers le milieu ordinaire, car elles redoutent la violence à laquelle leur enfant sera confronté ou parce qu’elles ont essuyé beaucoup de refus et ont baissé les bras. » L’institut médico-éducatif sert donc de relais entre les différents acteurs, afin que la greffe prenne. Il propose tout d’abord un document écrit et une rencontre autour du thème du handicap, pour sensibiliser les animateurs des centres de loisirs aux rythmes différents des enfants ou à leurs angoisses. Puis il leur donne des conseils personnalisés en fonction de chaque enfant, comme des outils de communication ou des conseils pour les apaiser. « Les équipes sont assez fascinées par l’efficacité de ces outils. Elles se rendent compte que cela pourrait bénéficier à d’autres enfants qui ont des troubles du comportement », assure Géraldine Caumont. L’essentiel de la collaboration repose ensuite sur un système de binôme entre un aide-éducateur et un animateur, afin de proposer un accompagnement pleinement adapté à chaque enfant.
L’association souhaite développer et pérenniser cette expérimentation et espère pour cela pouvoir faire rentrer son financement dans ses frais de fonctionnement d’ici à 2015. « Nous aimerions mettre en place des partenariats avec d’autres centres de loisirs et que cela puisse bénéficier à des enfants qui ne sont pas à l’IME, comme ceux de CLIS [classes pour l’inclusion scolaire] », confie Géraldine Caumont. Elle espère également pouvoir, à terme, instaurer un accueil lors de toutes les vacances, pas seulement l’été.
(1) Voir ASH n° 2811 du 24-05-13, p. 14.