Alors qu’un vent de fronde commençait à souffler dans les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), les annonces de la garde des Sceaux, le 5 juillet lors d’un déplacement au SPIP de Seine-et-Marne (voir ce numéro, page 12), sont de nature à apaiser l’inquiétude des syndicats sur les suites de la conférence de consensus de février dernier sur la prévention de la récidive. La création de 300 postes en 2014, le rétablissement du comité technique paritaire socio-éducatif supprimé il y a deux ans et le renforcement des missions des services pénitentiaires d’insertion et de probation dans le cadre du prochain projet de loi de réforme pénale constituent « un signal fort », se félicite le Snepap (Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire)-FSU.
La prudence reste pourtant de mise : « Il faudra bien sûr connaître la ventilation [des postes] entre les différents corps exerçant dans les SPIP », ajoute-t-il. En outre, il sera « indispensable que la direction de l’administration pénitentiaire se mette rapidement au travail sur la définition de la pluridisciplinarité et la construction d’organigrammes pour maintenir un niveau de recrutement adapté dans les années à venir ». Souhaitant la « concrétisation rapide » de ces annonces, le syndicat annonce poursuivre sa mobilisation « dans l’objectif d’une loi pénale ambitieuse ». Avant de crier victoire, la CGT pénitentiaire attend également la création des postes promis et que les contours de la réforme – qui doit instaurer une « mesure de libération encadrée » aux deux tiers de la peine et une peine de probation – soient précisés. « Nous continuerons à revendiquer prioritairement un recrutement pluriannuel de conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation pour parvenir à un ratio de prises en charge conforme aux normes européennes », soit « un travailleur social pour 50 personnes suivies », souligne l’organisation.
Les 160 directeurs et cadres de SPIP qui ont annoncé le 21 juin une « grève du zèle » (1) doivent se consulter pour décider des suites de leur mouvement. « Les annonces de la garde des Sceaux constituent une légère avancée mais ne correspondent absolument pas aux besoins, tant en termes d’orientation que de moyens, commente Christian Daniel, directeur du SPIP du Morbihan. On ne sait toujours pas si la lutte contre la récidive, l’alternative à l’incarcération et la probation seront des politiques prioritaires. Et en matière de besoins en postes supplémentaires, on est plus proche des 1 500… »
(1) Voir ASH n° 2817 du 5-07-13, p. 22.