Ala frontière du travail social et du monde culturel, Cultures du cœur est-elle en sursis ? « Notre trésorerie permet d’aller jusqu’à la fin de l’année, pas au-delà si rien n’est fait », alerte son directeur, George Schneider. Un sort auquel la fédération ne peut se résoudre, alors qu’elle œuvre depuis 15 ans pour l’accès à la culture et au sport des publics défavorisés. Avec son réseau d’une quarantaine d’associations territoriales, elle permet, via 8 500 « relais sociaux » – associations, structures sociales et médico-sociales, établissements scolaires… – environ 300 000 sorties par an au musée, au théâtre, au concert ou à un événement sportif. Des actions menées en relation avec les travailleurs sociaux, qui favorisent le lien social, les démarches de remobilisation et s’inscrivent dans les parcours d’insertion. « Depuis cinq ans, le montant des subventions de l’association a diminué de 60 %. Nous avons d’abord épuisé nos fonds propres, puis licencié, comprimé nos dépenses. Nous avons fait un travail de lobbying auprès du nouveau gouvernement. Malheureusement, pour cette année, il est comparable à celui de l’an dernier ! » L’association nationale emploie cinq salariés, contre dix il y a quatre ans.
Sans compter que l’accès à la culture fait partie du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale annoncé en janvier dernier, cette situation arrive à un moment où l’exclusion s’accroît et « où la demande de nos relais sociaux augmente », précise George Schneider. En cause : la révision générale des politiques publiques, puis la résorption de la dette. Alors que l’association touche 400 000 € de subventions (ministères de la Culture, de la Vie associative, ministères délégués à la lutte contre l’exclusion et à la ville, Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances…), il en manque, selon le directeur général, 80 000 pour assurer sa survie. Son département de formation à la médiation culturelle, qu’elle espère développer, est loin d’être suffisant pour atteindre l’équilibre budgétaire.
Le ministère de la Vie associative, l’un des principaux financeurs, indique, pour sa part, être « le seul à avoir augmenté, entre 2012 et 2013, sa subvention », dont le montant atteint 30 000 €, soit + 20 %. « Dans le contexte général de contrainte budgétaire et de diminution des subventions, c’est un réel effort qu’a souhaité faire le ministère en faveur de cette association, afin de prendre en compte ses difficultés actuelles », explique-t-il. Le ministère annonce d’ores et déjà qu’il lui sera difficile de faire plus, estimant que « les aides publiques aux associations ont vocation à les accompagner dans leur projet et pas à combler leurs difficultés de trésorerie ».
En plus du recours au mécénat, Cultures du cœur envisage de lancer un appel aux dons en septembre.