Parents au bord de la route

A près avoir écouté des adultes ayant été confiés à un foyer de l’aide sociale à l’enfance (ASE), puis des professionnels d’internat, Jean-Louis Mahé, psychologue clinicien à l’ASE du Val-de-Marne, donne aujourd’hui la parole à des parents dont l’enfant est ou a été récemment placé en établissement. Dans quelles conditions ce placement a-t-il eu lieu et pourquoi ? Quelles relations ces parents ont-ils développées avec les différents intervenants du dispositif et en quoi cette expérience a-t-elle fait évoluer, ou non, leur parentalité ? Une vingtaine de mères ou pères, parmi lesquels quelques couples ou ex-couples dont les membres témoignent séparément, font part de leur ressenti, voire de leur ressentiment. De manière générale, les principaux motifs ayant conduit au placement – judiciaire dans 13 des 18 cas évoqués – sont des difficultés d’ordre relationnel entre le ou les parents et l’enfant : de la désobéissance répétée à des troubles du comportement de ce dernier (déscolarisation, fugues) ou des problématiques de violence chez le jeune et parfois le parent. Soulagement de voir son enfant protégé de ses propres excès ou des dérives familiales, mais aussi tristesse, colère et rancœur : les émotions varient selon les parents et dans le temps, mais « quelles que soient les raisons du placement, les blessures sont immenses lorsqu’il s’effectue », note l’auteur, qui pointe une détresse parentale ayant grand besoin d’être soulagée. Est-ce du ressort de l’ASE ? Peut-on aider à la fois l’enfant et le parent ? Il semble bien que cela soit difficile et « le parent […] reste souvent sur le bord de la route avec son désarroi ».