Entre le 23 janvier et le 3 mars 2012, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a mené une enquête auprès de personnes fréquentant les services d’hébergement (1) ou de distribution de repas dans des agglomérations de plus de 20 000 habitants (2). Objectif ? Mieux cerner les modes d’hébergement et les conditions de vie des sans-domicile fixe. Durant cette courte période, ils sont 103 000 adultes à avoir utilisé au moins une fois ces services. 81 000 d’entre eux sont sans domicile : près de la moitié disent être logés en hébergement collectif, un tiers dans un logement payé par une association, un sur dix à l’hôtel et un sur dix est qualifié de « sans-abri ». Ces usagers sont plutôt jeunes : un quart a entre 18 et 29 ans contre 19 % des adultes occupant un logement ordinaire.
Deux sans-domicile sur cinq sont des femmes – elles bénéficient de conditions d’hébergement plus stables que les hommes : elles sont moins souvent sans abri et plus rarement hébergées dans des centres qu’il faut quitter dans la journée (6 % contre 20 %). Elles sont plus fréquemment accueillies en logement associatif (31 % contre 19 % des hommes seuls). Un sans-domicile sur cinq vit en couple et un quart d’entre eux, qu’ils soient en couple ou non, est accompagné d’enfants, ce qui représente environ 30 000 enfants fréquentant les services d’hébergement.
39 % des usagers déclarent n’avoir jamais eu de logement à eux. Ce qui signifie pour beaucoup d’entre eux qu’ils ont passé leur enfance en foyer. Ceux qui ont eu un logement l’ont quitté le plus souvent à la suite d’une séparation et face à l’impossibilité de payer le loyer ou les charges.
Un quart des sans-domicile a un travail régulier ou un « petit boulot » contre 53 % pour la population générale ; 47 % sont au chômage et 28 % sont inactifs. La possibilité de travailler varie selon la stabilité des conditions d’hébergement : 5 % des personnes sans abri ou des sans-domicile hébergés dans un centre qu’il faut quitter le matin travaillent, contre 45 % de ceux qui sont hébergés dans un logement. Il n’y a pas de différences notables entre hommes et femmes.
Les sans-abri, qui représentent un peu plus de 9 % des sans-domicile, ont passé la nuit précédant l’enquête dans un lieu extérieur (rue, pont, jardin pour 21 % d’entre eux), dans un endroit plus abrité (36 % dans une cave, un parking, un grenier, un hall d’immeuble, une usine désaffectée…) ou une habitation de fortune (14 % dans une tente, une cabane, une grotte…), dans un lieu public (17 % dans une gare, le métro, un centre commercial, un lieu de culte…), dans une halte de nuit (8 %), plus rarement dans une voiture ou un camion (4 %). Seul un quart d’entre eux ont pu accéder nuit et jour à des toilettes près du lieu où ils dormaient. La moitié n’a pas souhaité se rendre dans un centre d’hébergement la veille de l’enquête pour différentes raisons, parmi lesquelles le manque d’hygiène (29 %) et l’insécurité (26 %). D’autres ont simplement été refusés faute de place (14 %).
Cette étude estime par ailleurs à 141 500, soit une progression de près de 50 % depuis 2001, le nombre de sans-domicile en France métropolitaine début 2012. Elle inclut les 8 000 sans-domicile des communes rurales et des petites agglomérations et les 22 500 personnes en centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). « Cette hausse s’explique en partie par l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile qui n’ont pas de place dans les CADA et s’orientent donc vers les services d’aide aux sans-domicile », analyse l’INSEE.
(1) Centres d’hébergement et de réinsertion sociale, haltes de nuit, hôtels, centres de stabilisation, lieux mobilisés de façon exceptionnelle.
(2) « L’hébergement des sans-domicile en 2012 » – INSEE Première n° 1455 – Juillet 2013 – Disponible sur