Sur des thématiques souvent très larges, la collection 1001 BB propose des approches pointues, concises et pluridisciplinaires. Nourri d’apports diversifiés réunis sous la houlette de Christian Robineau, psychologue clinicien, et de l’association de recherche et de formation L’Escabelle, ce volume ne déroge pas à la règle. Au cœur de son propos, l’évocation des grands enjeux de l’adoption, tant sur les plans sociétal et culturel que psychique. La problématique de la connaissance de leurs origines par les enfants adoptés se situe à ces différents niveaux. Pour Pierre Lévy-Soussan, la loi de 2002 créant le Conseil national pour l’accès aux origines personnelles est « l’exemple même de la loi désorganisatrice de la filiation où les origines sont réduites à du biologique ». Or considérer que la « “vérité biologique” est supérieure à la vérité psychique de la filiation est lourd de conséquences » cliniques, affirme le psychiatre au vu de familles qui ont pris au pied de la lettre le désir de leur enfant de rechercher ses origines sans appréhender « la polysémie de ses interrogations ». Face à la souffrance d’un grand nombre d’adoptés qui ignorent tout de leur histoire généalogique et des circonstances de leur abandon, l’anthropologue Agnès Fine invite, quant à elle, à « admettre la coexistence de deux filiations autrement que sur le mode de la confrontation ». Elargissant la focale, la chercheuse plaide pour réfléchir aux différentes situations de pluriparentalité expérimentées par les couples homosexuels, qui posent la question de la place respective de chacun des adultes concourant à la conception, la mise au monde et l’éducation des enfants.
L’adoption, un roman familial
Sous la direction de Christian Robineau – Ed. érès – 12 €