« Je suis passé directement de la prison à l’avion », se remémore un homme au visage caché. Sa voix grave dénonce la double peine qu’il a subie : après avoir purgé sa peine de prison pour des vols à main armée, il en est sorti sans papiers valables et a été expulsé de la France vers un pays qu’il avait quitté depuis sa plus tendre enfance. « Ce n’est pas une sanction, c’est un moyen de détruire quelqu’un », affirme-t-il. Un autre, d’origine cap-verdienne, raconte son angoisse de voir la fin de sa détention approcher et la peur de se retrouver en centre de rétention puis envoyé sur une île dont il ne connaît rien et où personne ne l’attend. Pour d’autres, c’est pire, le retour dans un pays qu’ils ont fui est synonyme de mort assurée. L’identité nationale recueille une parole rarement entendue, celle de ces anciens détenus étrangers, souvent repentis et qui n’ont plus d’avenir. Le documentaire décrypte également le rapport que l’Etat français entretient avec les étrangers à travers des témoignages de magistrats, de parlementaires et de responsables associatifs, entrecoupés de nombreuses images d’archives. Valérie Osouf, l’auteure de ce documentaire, prend clairement position pour l’abrogation de la double peine qui, si « elle frappe relativement peu de personnes (3 750 prononcés d’interdictions du territoire français en 2010), reste inéquitable tant est dommageable son impact humain ». La journaliste connaît son sujet, pour avoir notamment réalisé, au Sénégal, un documentaire avec des personnes expulsées de France qui, disent-elles, « n’ont pas de place sur terre ». Les bonus du DVD comprennent une série d’entretiens vidéo qu’elle a réalisés avec des économistes, un historien, un surveillant pénitentiaire… Projeté dans de nombreux festivals, le film bénéficie en outre d’un site Web (
L’identité nationale
Valérie Ousouf – 1 h 33 – DVD à commander (20 €) sur