« Les parents de jeunes en difficulté sont souvent eux-mêmes en souffrance », rappelle la fondation Apprentis d’Auteuil. Or leur parole est la plupart du temps ignorée, ce qui pousse nombre d’entre eux à s’isoler petit à petit et à se retrouver seuls avec leurs problèmes. Afin d’aider ces parents à assurer leur rôle éducatif et de les sortir de « la spirale de l’échec », l’organisme catholique lance un programme international baptisé « Maisons des familles », destiné en priorité aux personnes en grande précarité, en France et dans les pays où sont présents ses partenaires (1).
Le concept, inspiré d’une initiative québecoise, a vu le jour en France en 2009, avec l’ouverture de la maison des familles de Grenoble, suivie en 2011 par la Halte des parents, à Marseille. Avec ce programme, la fondation s’engage à ouvrir 35 maisons des familles à l’horizon 2017. Ces espaces, développés dans le cadre associatif, en partenariat avec le Secours catholique, accueillent une soixantaine de familles afin de leur offrir un espace de rencontre et d’échanges. Deux salariés et une quinzaine de bénévoles assurent son fonctionnement et tous les projets sont co-construits avec les bénéficiaires, en fonction de leurs envies et besoins. Dans certains cas, il peut s’agir directement de discussions autour de la parentalité, au cours desquelles chacun peut exposer ses questions, ses doutes, ses problèmes et tenter de trouver des réponses à l’aide des autres parents et des accompagnants.
Mais les difficultés rencontrées en tant que parents ne sont pas toujours abordées de front. « Nous expérimentons le bien vivre ensemble », résume André Altmeyer, directeur de la stratégie des Apprentis d’Auteuil. Des ateliers de cuisine, d’esthétique ou de français, animés par les bénéficiaires eux-mêmes, peuvent donc être organisés. Les familles participent également à la décoration et à l’entretien des lieux. « Toutes les activités sont prétextes à développer la qualité de la relation et à montrer leurs compétences », explique André Altmeyer. En mettant en avant leurs savoir-faire, les bénéficiaires reprennent confiance en eux, ce qui les aide à reprendre leur place de parent. Une démarche d’autant plus importante qu’en période de crise, « la famille devient une valeur refuge ». Les maisons des familles peuvent également servir d’intermédiaires entre les institutions et les parents, afin d’aider ces derniers à bénéficier des dispositifs de droit commun.
Trois nouvelles maisons des familles doivent ouvrir d’ici à la fin de l’année, à Beauvais, Amiens et Mulhouse. A terme, la fondation espère que sa logique d’« empowerment » poussera les parents à passer du statut de bénéficiaire à celui d’accompagnant, comme c’est le cas au Québec.
(1) La fondation Apprentis d’Auteuil a des partenaires dans une quarantaine de pays, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et dans l’Océan Indien.