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Centres sociaux : du loisir au pouvoir d’agir des habitants

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Souvent invoquée par les pouvoirs publics, mais rarement appliquée, la participation des habitants est au cœur de l’action des centres sociaux. Le VIIIe congrès de la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), qui se tient du 21 au 23 juin à Lyon, rappelle l’actualité de la démarche de ces établissements polyvalents, qui vise, en s’appuyant sur les ressources des personnes, à favoriser leur émancipation.

Les centres sociaux ne sont pas, comme on pourrait le croire, de simples équipements d’animation socioculturelle – même si on peut y pratiquer des échecs, du tricot, du théâtre ou s’investir dans l’organisation d’une fête de quartier. Ils ne se limitent pas non plus à délivrer des services – même si on peut y faire garder ses enfants, bénéficier d’une aide aux devoirs, accéder à un espace multimédia, participer à des cours d’alphabétisation, être accompagné dans son accès au logement, voire prendre part à un chantier d’insertion. « Cette partie consacrée aux activité et services est la plus visible, note François Vercoutère, délégué général de la Fédération des centres sociaux et socio-culturels de France (FCSF). Mais ce sont aussi des “maisons de projets” qui permettent d’accompagner des intérêts collectifs – jeunes qui veulent partir en vacances ou s’investir dans la solidarité internationale, locataires en conflit avec leur bailleur, adultes qui ont envie de créer un journal… – et des “maisons de la citoyenneté” à travers lesquelles les habitants se saisissent de questions de société – urbanisme, délinquance – qui impactent leur vie quotidienne. » C’est dans cet enchevêtrement de niveaux d’intervention et de publics que réside, selon lui, l’intérêt des centres sociaux. « Il n’y a pas de filtre à l’entrée. Ceux-ci accueillent les publics des territoires dans lesquels ils sont situés en favorisant la mixité à tout point de vue. Une mère de famille peut en franchir la porte pour faire garder ses enfants et, quelques années après, y réfléchir au bien vivre ensemble dans son quartier. Inversement, un militant de toujours peut y développer un intérêt pour la poterie… »

ESPACES PARTICIPATIFS

« Les clés d’entrée sont multiples », confirme Nicolas Oberlin, directeur du centre social et culturel La Maison du Bas Belleville à Paris. Culture, insertion, loisir, logement, famille…, on peut tout y aborder. A une condition : que cela corresponde à des besoins, des aspirations, des initiatives d’habitants. De fait, qu’ils soient situés au cœur des quartiers urbains en difficulté ou en milieu rural, les centres sociaux sont avant tout des espaces participatifs – héritage des maisons ou résidences sociales qui, au début du XXe siècle, considéraient déjà que les ouvriers devaient s’organiser localement pour prendre leur vie en main. « La participation des habitants est aujourd’hui encore le socle du projet des centres sociaux qui cherchent de l’énergie citoyenne dans ce qui fait sens commun pour eux, autrement dit dans leurs préoccupations quotidiennes : charges trop lourdes, échec scolaire, communautés qui ne se parlent plus… », explique François Vercoutère. « Certes la démarche en amont est plus longue mais quand le projet se construit avec les habitants, on est sûr qu’il sera investi. Quand les gens se prennent en main, leur action a beaucoup plus d’impact que l’action descendante qui tient rarement compte de ce qu’ils vivent vraiment », observe Sébastien Chauvet, directeur du centre social intercommunal de Moret-Seine-et-Loing (Seine-et-Marne).

Pour éviter la juxtaposition d’activités et l’effet « catalogue » dans lesquels certaines structures ont eu tendance à se fourvoyer, chaque centre social doit élaborer un projet d’animation globale pour une période de quatre ans, « qui définit des grands objectifs à atteindre et les moyens d’y parvenir à partir d’un diagnostic territorial partagé », précise François Vercoutère. Clé de voûte des structures, ce projet social, fruit d’une coopération obligatoire avec les habitants bénévoles (sous la forme d’enquêtes de terrain, de réunions publiques…), fait office de « tableau de bord auquel le centre doit se référer », relève Sébastien Chauvet. Par exemple, en déterminant un public prioritaire (familles mono-parentales, personnes âgées, jeunes en difficulté…), même si tout est fait pour ne pas transformer la structure en « ghetto » pour une catégorie de population. De lui découle également en partie l’organisation du personnel, qui s’ajuste au mieux aux axes d’action retenus.

Ce projet est également indispensable pour obtenir l’agrément délivré par les caisses d’allocations familiales (CAF). Cette autorisation – qui a l’intérêt de conférer aux centres sociaux « une légitimité parapublique en leur fournissant une sorte de label de qualité », comme le souligne François Vercoutère – est le seul agrément accordé par les CAF avec celui délivré aux Relais assistantes maternelles. De quoi expliquer l’attention forte de la caisse nationale des allocations familiales (CNAF) pour ces structures, dont témoigne la circulaire du 20 juin 2012 (1). Cette dernière clarifie les critères de l’agrément et inscrit les centres sociaux dans une politique plus générale d’animation de la vie sociale de la branche Famille – qui englobe également les espaces de vie sociale, dispositifs aux finalités identiques mais plus légers (2).

« La nouvelle circulaire n’a pas modifié ce que l’on attend d’un centre social – rompre l’isolement, prévenir et réduire les exclusions, permettre aux habitants d’être acteurs de leur territoire… – mais elle a apporté des précisions : il est désormais spécifié qu’ils doivent organiser une fonction d’accueil et d’écoute, assurer une attention particulière aux publics fragilisés, développer des actions collectives adaptées au territoire… », explique Colette Legat, conseillère technique à la CNAF, chargée de l’animation de la vie sociale. Surtout, le texte réaffirme que la vocation des centres sociaux consiste à favoriser la participation des habitants. « Un principe fondateur incontournable », déclare Colette Legat. Pour François Vercoutère, ce soutien qui s’accompagne d’une reconnaissance de ? l’action collective et du développement social local témoigne d’ailleurs d’une certaine « audace » de la CNAF alors que « la politique d’action sociale nationale reste centrée sur les personnes ».

Un soutien en tout cas bienvenu. « On va pouvoir y faire référence lorsque des collectivités souhaitent nous cantonner dans un rôle de prestataire de services », souligne Julien Bastide, chargé de communication de la FCSF. Reste que, pour de nombreuses raisons, l’implication des usagers est mise en œuvre de façon très variable selon les structures. Tout d’abord, les outils pour la promouvoir sont utilisés avec plus ou moins d’efficacité. Les conseils d’administration des centres sociaux associatifs – les trois quarts des structures – ont l’intérêt de fournir un cadre formel de participation des habitants dans la gouvernance des structures. Mais si certains équipements jouent le jeu, avec des administrateurs reflétant la population du lieu d’implantation, ce n’est pas toujours le cas : « Les représentants des habitants sont parfois déjà “notabilisés”, d’un certain âge avec des responsabilités associatives, syndicales ou politiques. Quelle est alors la plus-value citoyenne ? », s’interroge le sociologue Olivier Noël.

MOBILISER LES USAGERS

Quant à la place tenue par les habitants dans le pilotage des centres sociaux municipaux, CAF ou gérés par d’autres opérateurs, elle peut être aussi importante que dans un centre social associatif ou… proche de zéro. Le centre social et culturel La Maison du Bas Belleville, établissement d’une association du Groupe SOS (qui se présente comme une « entreprise sociale » et regroupe des assocations et des entreprises), n’en est ainsi qu’au stade de la réflexion pour créer un conseil d’habitants. D’autres ont depuis toujours des comités d’usagers très actifs dans la conduite des structures.

Mais la participation des habitants ne passe pas prioritairement par les dispositifs de gouvernance. « Elle passe surtout par l’ouverture des centres sociaux aux suggestions des habitants au quotidien – tout un chacun peut venir proposer son projet, individuel ou collectif, quand il le souhaite – et lors du renouvellement du projet social », observe Julien Bastide. Encore faut-il faire preuve d’un certain savoir-faire. Pas question, par exemple, que l’équipe « reste enfermée dans le centre : il faut qu’elle aille vers les habitants », explique Sébastien Chauvet. Alors que sa structure est dans une communauté de communes située en zone périurbaine et rurale, l’enjeu revêt une importance particulière. Impossible de compter sur la seule proximité géographique pour attirer des usagers. Il a donc fallu régler les problèmes de mobilité en organisant un transport à la carte vers les trois sites du centre social. De même qu’il a fallu insuffler un sentiment d’appartenance commune grâce à des fêtes organisées à tour de rôle dans les différentes municipalités auxquelles tous les habitants du territoire sont invités.

Pour favoriser leur implication, il faut aussi « prendre les personnes là où elles en sont », observe François Vercoutère. Ainsi le centre social des Trois Cités, à Poitiers, a mis plusieurs années pour donner suffisamment confiance aux mères du quartier afin qu’elles s’investissent dans l’aide aux devoirs. Auparavant, une quarantaine d’entre elles ont été rencontrées lors d’entretiens individuels pour s’exprimer sur la scolarité de leurs enfants. Puis, dans un second temps, il leur a été proposé de participer, chacune à sa manière, aux activités proposées le soir après l’école (loisirs, goûter, déplacement des enfants…). L’aide aux devoirs n’est venue qu’ensuite alors que, parallèlement, le centre tentait de « transformer leurs paroles en paroles politiques » pour mettre des mots sur l’échec scolaire massif dans le quartier.

Mais « tous les centres sociaux ne sont pas prêts à aller jusqu’au même point dans la mobilisation des habitants », observe Olivier Noël. Sous le même terme, se cache en fait « des réalités très différentes avec, d’un côté, des structures qui se contentent d’être des acteurs de lien social dans une perspective de pacification ou d’apaisement et, de l’autre, des centres qui se considèrent pleinement comme des acteurs de transformation sociale et qui n’ont pas peur d’être le poil à gratter des élus locaux ».

Dans la première catégorie, se situent des équipements qui privilégient plutôt « des actions descendantes, proches de la délégation de service public. Ce ne sont d’ailleurs pas forcément les centres sociaux gérés par les caisses d’allocations familiales ou les municipalités qui sont les plus instrumentalisés ; certains centres sociaux associatifs sont en fait très proches des élus locaux », précise le sociologue. Pour François Vercoutère, le risque de récupération existe, en effet : « Il est tentant pour un maire, quand il voit un beau projet se réaliser, de le mettre à son crédit. » Mais, selon lui, ce danger vaudrait surtout lorsque le centre social est en gestion municipale : « Il faut alors une certaine éthique de la part des élus pour le laisser être un lieu d’émergence d’une parole différente. »

Le centre social de Lormont (Gironde) appartient à la seconde catégorie mise en évidence par Olivier Noël. Dès 2010, la structure apporte un soutien sans faille à un collectif de jeunes dont le premier fait d’armes consiste à organiser une semaine dédiée à la lutte contre les discriminations – préoccupation centrale de la jeunesse du quartier. Puis, en avril 2011, après 18 mois jalonnés d’obstacles, le collectif met en place, toujours avec l’aide du centre social, un séminaire réunissant 300 personnes autour d’échanges sur les discriminations à l’école, dans l’emploi ou dans les relations avec la police. « Pas grand monde ne croyait à ce projet mais nous avons été épatés par le discernement et la capacité d’organisation de ces jeunes, qui étaient pour la plupart en échec scolaire, confie Olivier Noël, qui a participé à l’initiative. Le fait que ce soit les principaux concernés qui énoncent leurs difficultés a eu un impact bien plus important que si celles-ci avaient été relayées par une institution. » Le collectif s’est étoffé au fil du temps et a développé d’autres actions – comme l’écriture d’un documentaire, en partenariat avec l’Education nationale, mettant en évidence les liens entre l’absence de l’enseignement de l’histoire de l’immigration et les discriminations.

PAROLE CITOYENNE

Même logique dans la démarche engagée depuis 2006 par le centre social des Trois Cités dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine. Au départ, le bailleur social propose de transformer un des grands immeubles de Poitiers, construit dans les années 1950, en résidence intergénérationnelle. Tollé des habitants qui attendent les travaux depuis des années et vivent comme un déni de reconnaissance l’obligation de signer une « charte de solidarité ». Sollicité pour accompagner leur mobilisation, le centre social va être le lieu d’élaboration d’un contre-projet qui se cristallise autour de l’idée de créer un centre de santé. L’agence régionale de santé, la caisse primaire d’assurance maladie, la municipalité… n’ont alors d’autres choix que d’accepter a minima les discussions. « Lorsque la mairie nous a interpellés pour nous signifier que nous n’avions pas à traiter de santé, nous avons répondu que nous accompagnions des habitants qui parlent de santé », rapporte Vincent Divoux, le directeur, qui explique néanmoins combien l’émergence de cette problématique a bousculé sa structure – qui a dû se familiariser avec le sujet et réaffecter ses ressources.

Favoriser l’émancipation individuelle et collective à travers l’élaboration d’une parole citoyenne, c’est également l’objectif du centre social Le Lierre, à Thionville (Moselle). Après plusieurs années d’ateliers vidéos et d’éducation à l’image, le centre social crée, en 1998, un festival de films documentaires, « Le réel en vue », mêlant productions d’amateurs et de professionnels autour d’une thématique différente chaque année. Investis dans la réalisation de leurs propres films, conçus dans les ateliers du centre social, les habitants y portent leur vision des thèmes abordés tout en y puisant matière à débats et à réflexions. Ce qui débouche parfois sur des actions concrètes : le festival organisé il y a quelques années sur le développement durable a été à l’origine de parcours de découverte de la nature en milieu urbain.

Autant de démarches qui s’inscrivent dans le mouvement de l’éducation populaire. Et les plus militantes des structures voient dans cette logique d’empowerment (qui vise à développer le « pouvoir d’agir » des personnes) une approche incontournable, qui ne s’oppose pas d’ailleurs à un effort d’adaptation à la paupérisation de leur public : ajustement des tarifs pour permettre au plus grand nombre de participer aux activités payantes, renforcement de l’accompagnement social, prise en compte nouvelle de la santé (actions de prévention, d’orientation ou d’accompagnement dans l’accès aux soins). « Le contexte économique nous oblige à être toujours davantage en adéquation avec les préoccupations des habitants tout en veillant à leur permettre de continuer à exister comme citoyens », analyse François Vercoutère.

Dans cette perspective, les centres sociaux multiplient les initiatives qui favorisent l’entraide tout en évitant l’assistanat. Le centre social et culturel La Maison du Bas Belleville vient d’ouvrir coup sur coup un jardin partagé et une « Accorderie » – qui permet aux habitants de troquer compétences et savoir-faire. Si l’objectif est, dans les deux cas, de favoriser la mixité sociale et la solidarité, « le rôle du centre social a été avant tout de rendre possible et d’accompagner ces démarches pour qu’elles deviennent à terme autonomes », observe Nicolas Oberlin, le directeur. « Nos structures sont des incubateurs, des pépinières qui amorcent des projets sans forcément les pérenniser en interne », renchérit François Vercoutère.

BUDGETS SERRÉS

De fait, les centres sociaux n’ont ni la vocation ni, surtout, les moyens de tout régler eux-mêmes. Austérité économique oblige, leurs ressources (voir encadré, page 25) se réduisent. « Nous connaissons, comme toutes les associations, des difficultés financières : l’Etat a baissé ses aides et les collectivités territoriales, elles mêmes en difficulté, ne sont pas prêtes à prendre le relais », admet le délégué national de la FCSF. En 2011, l’Etat a réduit de moitié les postes Fonjep (financés par le Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire) dont bénéficiaient entre autres les centres sociaux. Et, alors que les crédits de la politique de la ville sont déjà en baisse, la réforme en cours, qui prévoit de diminuer le nombre de sites prioritaires, risque d’aboutir à des coupes claires dans le budget des centres sociaux sortant de leur périmètre. Seules les CAF restent « fidèles au poste », constate François Vercoutère. La situation est toutefois inégale selon les structures : « La CAF nous finance à hauteur de 10 %, soit 80 000 € sur un budget de 800 000 € », modère ainsi Sébastien Chauvet – son centre social est en majorité financé par la communauté de communes qui verse 500 000 €, une somme en baisse par rapport à l’année précédente, le reste vient du conseil général et de plusieurs appels à projet.

Au centre social des Trois Cités, les contraintes financières sont contournées par un effort constant de réorganisation – l’organigramme vient d’être entièrement revu – et la mutualisation des moyens avec un autre centre social de Poitiers, qui permet notamment de partager des postes. « Nous ne faisons qu’anticiper ce qui risque de nous être imposé dans un avenir proche », commente Vincent Divoux, son directeur. Preuve de la capacité d’adaptation des centres sociaux ?

Principaux financeurs : CAF et communes

En complément de la participation financière des usagers, les ressources des centres sociaux sont principalement issues de fonds publics, dont environ 40 % en provenance des communes, communautés de communes et communautés d’agglomération et environ 30 % des caisses d’allocations familiales via la prestation de service « animation globale et coordination » accordée dans le cadre de l’agrément « centre social », la prestation de service « animation collective famille » octroyée dans le cadre des projets « familles » – plus de huit structures sur dix – à quoi s’ajoutent des aides distribuées localement par chaque caisse. Le reste provient des conseils généraux (surtout pour les actions de protection de l’enfance et d’action sociale), des services déconcentrés de l’Etat (Jeunesse et sports, Emploi et formation professionnelle, Action sanitaire et sociale, Action culturelle…) et, parfois, de la Mutualité sociale agricole et des conseils régionaux. Au final, les centres sociaux doivent jongler avec une bonne dizaine de financements différents – ce qui signifie autant de comités de pilotage et de bilans à effectuer…

Repères

→ On compte 2 100 centres sociaux agréés par les caisses d’allocations familiales (CAF), dont 1 200 structures adhèrent à la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF).

→ Si les trois quarts sont associatifs, les autres sont gérés par des municipalités, des intercommunalités ou des centres communaux d’action sociale, des CAF, la Mutualité sociale agricole.

Notes

(1) Circulaire n° 2012-013 relative à l’animation de la vie sociale à l’attention des directeurs des CAF, 20 juin 2012.

(2) Voir ASH n° 2808 du 3-05-13, p. 17.

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