Aujourd’hui, l’âge moyen d’entrée en maison de retraite est de 85 ans. En deuil de son existence passée, la personne âgée qui arrive en établissement est bien souvent « en mal de vivre », souligne Didier Armaingaud, gérontologue, et c’est cette pulsion de vie qu’il faut l’aider à retrouver. D’où l’intérêt du projet personnalisé qui, outre les éléments relatifs aux besoins de soins du résident, intègre ceux qui sont liés à son bien-être quotidien et à ses souhaits. La construction du projet personnalisé commence dès le premier contact avec le nouvel entrant : il s’agit de rechercher et de recueillir des informations sur son histoire, ses habitudes de vie, ses activités favorites, son ancien métier. A cet égard, chacun a un rôle à jouer, le médecin de la structure comme l’animatrice, la psychologue, la serveuse, le cuisinier et l’homme d’entretien, témoigne la directrice d’une résidence, qui fait partie des nombreux professionnels interviewés par l’auteur. Puis, après un à trois mois d’observation, le premier projet personnalisé est élaboré. Il sera ensuite affiné à six mois avec le résident et son entourage, et par la suite actualisé a minima tous les ans. « Passer d’une logique médico-? centrée à une dimension humaine, de la prise en charge à l’accompagnement », tel est l’enjeu. Ce dernier implique « une rééducation des réflexes soignants » : les professionnels doivent cesser de penser pour la personne accueillie et de projeter sur elle leurs propres objectifs, insiste l’auteur. « Parfois on se dit qu’on pourrait travailler quelque chose avec le résident, mais il ne le veut pas nécessairement », constate un ergo-thérapeute.
Tant de choses à vivre ensemble. Accompagner nos aînés par le projet personnalisé
Didier Armaingaud en collaboration avec Emilie Li Ah Kim – Ed. Le Cherche-Midi – 19,80 €