Durant deux ans, six structures (2) vont assurer l’accompagnement régulier d’un peu plus de 100 travailleurs handicapés – principalement psychiques et mentaux – et de leurs employeurs. Il s’agira de personnes sorties d’IMPro ou d’ESAT, qui souhaitent avoir une activité en milieu ordinaire. Nous allons identifier avec elles leurs compétences et leurs souhaits, et repérer des employeurs potentiels. Puis nous organiserons des stages de découverte, de trois à six mois, avant de décider ensemble (entreprise, organisme d’accompagnement et personne handicapée) quel contrat de travail et quel type d’accompagnement proposer. Dans l’association que je dirige, Un autre regard, nous faisons déjà ce travail depuis plus de deux ans. Notre centre d’accompagnement et de formation à l’activité utile (CAFAU), dans l’Oise, effectue des visites dans les ateliers ou services qui emploient les personnes handicapées, voit avec les entreprises les évolutions de carrière envisageables, anticipe ou gère les conflits. Notre rôle est d’éclairer l’employeur sur des situations qu’il ne comprend pas. L’expérimentation du GPS Emploi suivra le même principe. Nous espérons, à l’issue des deux années, pouvoir développer un descriptif des compétences nécessaires à un accompagnement de qualité, en définir le coût et le périmètre, et proposer un cadre réglementaire de l’accompagnement.
Actuellement, l’appui aux personnes qui souffrent de handicap et à leurs employeurs est surtout focalisé sur le recrutement et l’aménagement de poste. Or les difficultés arrivent bien après l’embauche, au bout d’un, deux, voire trois ans. Si les problèmes techniques sont résolus assez facilement, ce n’est pas le cas des difficultés relationnelles. Quand les personnes handicapées tombent dans une routine ou ne sont pas stimulées, elles peuvent se réfugier dans un mutisme que leur entourage professionnel ne comprend pas. Leurs relations avec l’entreprise peuvent se dégrader, la productivité en être affectée. Cela peut finir par un licenciement ou une mise au placard. C’est très important d’éviter ces situations.
Oui, en Allemagne, par exemple, l’accompagnement en milieu professionnel ordinaire existe depuis 1994. Il y a même une union fédérale, partenaire des autorités financières et de régulation, qui a édité une charte des bonnes pratiques et mis en place des formations professionnelles. Au Portugal, l’accompagnement est surtout développé par les agences de l’emploi locales, qui ont, dès le départ, intégré cette question. La Fegapei (Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées) organise d’ailleurs une étude comparative entre les systèmes allemand, portugais, roumain et français, jusqu’à la fin juin. En France, le problème est historique : dès les années 1960, on a décrété que la personne handicapée devait soit intégrer le milieu ordinaire et faire en sorte que son handicap n’apparaisse plus, soit être accueillie dans un établissement spécialisé, qui la « protégerait ». Mais les mentalités changent depuis quelques années.
(1) Initiés par la Fegapei, les GPS réunissent des associations du champ du handicap afin de travailler autour de sept thématiques liées au bien-être : l’accès à la cité, aux soins, l’autisme, l’emploi, le handicap psychique, l’éducation et le vieillissement.
(2) Le CAFAU, les centres d’adaptation et de redynamisation au travail (CART) de la Vienne, l’Ecole de la deuxième chance en Val-d’Oise (E2C 95), le service d’accompagnement en milieu ordinaire (SAMO) des Papillons blancs de Dunkerque (Nord), le Service d’insertion des Papillons blancs de Bergerac (SIPB) (Dordogne) et le Service d’insertion sociale professionnelle de l’Adapei de la Gironde.