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Un « élan » pour les femmes victimes de violences

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A Saint-Etienne, l’équipe de SOS violences conjugales 42 juge la socio-esthétique très complémentaire du travail social.

« La socio-esthétique… Au début, on imaginait que c’était juste des soins de beauté. Mais j’ai vite constaté l’énorme plus-value pour les femmes hébergées. Dès la sortie du soin, leur regard était moins stressé, leur visage plus détendu », se souvient Sandra Pélisson, assistante sociale au centre d’hébergement et de réinsertion sociale de l’association SOS Violences conjugales 42 à Saint-Etienne. Elle craignait que la prestation ne fasse qu’aggraver la dimension d’objet, voire d’objet sexuel, à laquelle ces femmes maltraitées avaient été confinées. Aujourd’hui, l’approche remporte son adhésion, pourvu que certaines règles soient respectées. La première est l’implication des travailleurs sociaux. Avant d’orienter les femmes vers la socio-esthéticienne, ils doivent « prendre le temps d’expliquer qu’elles ont besoin de s’occuper d’elles, qu’il s’agit de les aider à se réapproprier leur corps, évacuer des tensions ». Souvent, à force d’avoir été humiliées, frappées, violées, les femmes ont un rapport au corps difficile, voire ont perdu le goût de vivre. La démarche implique aussi d’accepter le partage d’informations. « Il faut donner des repères sur la personne, faire part des résistances ressenties, pour que l’intervention soit adaptée », poursuit Sandra Pélisson. Ensuite, les échanges doivent être réguliers pour que le soin s’intègre dans l’accompagnement de la personne.

« À PETITS PAS »

Au gré des séances, qui se déroulent dans les appartements, un suivi personnalisé s’installe, et des progrès se font jour. « Les femmes arrivent tendues, avec un corps fatigué, douloureux, témoigne Delphine Zadra, socio-esthéticienne. J’avance à petits pas, par des soins des ongles, du visage, des pieds… Je propose des massages du dos, au besoin habillé, pour amener une détente. Peu à peu, elles lâchent prise, redécouvrant que le toucher peut être doux, voire agréable. » Elle se souvient notamment d’une femme angoissée en proie à des crises de panique. « Elle avait peur d’être allongée, d’être touchée. J’ai beaucoup travaillé sur la respiration, la relaxation, puis j’ai pu l’orienter vers un ostéopathe. »

AU-DELÀ DES MOTS

Après deux ans d’expérience, la directrice, Michèle Perrin, juge le bilan positif. « En se faisant du bien, en se redonnant le droit d’être belles, les femmes se sentent mieux et leur rapport aux autres s’améliore. Cette revalorisation les aide à se ressaisir de leur vie. » Elle estime intéressant de passer par le corps et de mener en parallèle « un travail de reconstruction par la parole, auquel contribuent les entretiens avec les travailleurs sociaux ». « Le rôle du travail social est d’aider les personnes à aller mieux. Pour cela, il n’y a pas que les mots. Avec la socio-esthétique, on va vers elles dans ce qui leur fait du bien et on va plus loin », souligne Sandra Pélisson. La socio-esthéticienne tisse en outre une relation autre : « On peut être plus proche des personnes, plus dans l’affectif. On a une place à part, ni assistante sociale, ni psychologue, même si on écoute beaucoup », affirme Delphine Zadra. « Le danger serait toutefois que la socio-esthéticienne ressente le besoin de jouer au travailleur social, observe Sandra Pélisson. Les femmes doivent savoir que lors du soin, elles sont là pour travailler sur le physique, et qu’avec nous, elles élaborent autre chose. »

La bourse de la Fondation L’Oréal, qui soutenait l’action étant épuisée, celle-ci est suspendue et des démarches sont entreprises pour la poursuivre. « On voit le manque pour les femmes », pointe Sandra Pélisson. L’une confie ainsi qu’elle « avait oublié son visage », une autre que la socio-esthétique lui a « redonné de l’élan », une autre encore qu’elle lui a permis de « prendre conscience physiquement que le monde n’est pas que violence ».

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