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Une charte pour mobiliser contre l’excision

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Chaque période de vacances scolaires accroît le risque pour des filles résidant en France de se faire exciser lors d’un séjour dans le pays d’origine de leurs parents. L’été plus encore. « La période de vacances étant longue, cela permet un temps de cicatrisation beaucoup plus important, qui fait que les filles ne se plaindront pas de douleurs lors de la rentrée scolaire », explique Isabelle Gillette-Faye, directrice générale du GAMS (Groupe pour l’abolition des mutilations et autres pratiques traditionnelles), membre du rassemblement Excision, parlons-en ! (1), qui devait organiser une conférence sur le thème « Prévenir les risques d’excision pour les filles et les adolescentes pendant l’été » le 14 juin, à Paris.

A cette occasion, le collectif devait signer une charte de mobilisation, dont l’objectif est « l’abandon total » de l’excision et des mutilations sexuelles féminines. « Ce document est essentiel, car il adopte une approche transversale de l’excision, qui touche à la santé comme aux droits. Cela va nous permettre de pousser un plus grand nombre d’acteurs à collaborer, qu’ils soient engagés dans les droits sexuels et reproductifs ou les droits humains. C’est aussi un moyen de faire savoir que cette pratique existe encore et qu’il faut demeurer attentif au recul des droits des femmes », alerte Isabelle Gillette-Faye. Le texte promeut une pluralité des approches, alors que les organisations ont, de leur côté, tendance à privilégier qui la pénalisation, qui la sensibilisation et la prévention. « Il n’y a pas d’approche meilleure qu’une autre, elles sont complémentaires », plaide Isabelle Gillette-Faye.

Les signataires s’engagent également à adopter une « démarche positive », en ne jugeant ni ne condamnant les responsables directs ou indirects de l’excision et des mutilations génitales féminines. « C’est important de montrer que les efforts paient, plutôt que de se tourner vers ce qui ne fonctionne pas. Surtout dans le contexte actuel où les risques de stigmatisation et de racisme sont grands », prévient Isabelle Gillette-Faye. D’autant que l’expérience a prouvé que, lorsqu’un groupe décide d’arrêter la pratique, cela pousse d’autres membres de la communauté à en faire de même (2).

Bien qu’il n’existe pas de chiffres officiels, la pratique de l’excision sur les filles résidant en France diminue à en croire les associations. « Dans les années 1980, huit filles de femmes excisées sur dix étaient menacées, contre trois sur dix aujourd’hui », se félicite Isabelle Gillette-Faye. Pourtant, elle l’affirme, il faut rester vigilant : « On sait que la pratique est en recul dans les pays d’origine, mais elle pourrait reprendre à cause des conservatismes et des mouvements intégristes. La situation au Mali, par exemple, nous inquiète au plus haut point. »

Notes

(1) Rassemblement fondé par la Fédération nationale du GAMS et Tostan France, qui réunit notamment la CAMS (Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles), France terre d’asile, la chaire de l’Unesco en santé sexuelle et droits humains et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés – www.excisionparlonsen.org.

(2) Voir aussi notre interview de l’anthropologue et médecin de PMI Christine Bellas Cabane, « Aider les migrants à abandonner l’excision », dans les ASH n° 2598 du 27-02-09, p. 40.

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