Moi, Kimia, esclave à Paris

Kimia a 9 ans et vit en République démocratique du Congo quand, en 2004, elle est confiée à un passeur pour rejoindre Paris, où elle doit être « adoptée » par un couple. Aller à l’école, vivre dans l’opulence et la sécurité, voilà à quoi elle s’attend. Mais Madame et Monsieur ont d’autres projets pour elle. Repasser, ranger, préparer et servir le petit déjeuner, programmer le lave-vaisselle et le lave-linge, nettoyer : Kimia devient une esclave moderne. « Nous ne tolérerons aucun écart », assure Madame. Surveillée en permanence, recluse, surchargée de travail, la fillette docile n’a guère le temps de s’apitoyer sur son sort.

2012. Kimia est en pleine adolescence. Jolie, intelligente, rebelle. Elle en a assez de regarder par la fenêtre sans jamais quitter le luxueux appartement, marre d’être un animal en cage. Elle ne cesse de s’en plaindre à ses « parents ». Si Monsieur et Madame s’étonnent qu’en huit ans elle n’ait jamais cherché à s’enfuir ou à leur jouer des tours, ils savent qu’ils ne pourront pas éternellement la garder prisonnière. Mais comment se débarrasser d’elle « sans encombre » ? Kimia leur apportera la solution en parvenant à s’échapper lors d’une rare absence du couple.

La suite n’est pas rose pour la jeune Africaine, qui se retrouve à la rue sans argent et sans connaître personne. La chance semble lui sourire quand elle rencontre Gilles. Mais même avec un toit sur la tête, comment vivre sereinement quand on doit se cacher avec « l’angoisse toujours présente d’un contrôle ou d’une dénonciation » ? D’un centre de rétention à une possible vengeance, Kimia n’est pas au bout de ses mésaventures. Le cauchemar ne se terminera donc jamais ? se demande-t-on à la lecture de Qui va loin revient près, dont la structure narrative fait la part belle aux flash-back, au mélange des histoires et aux situations parallèles. L’auteur, Christophe Léon, s’empare d’un scandale contemporain et se lance, avec une écriture vive, dans un récit destiné aux adolescents mais plus adapté aux adultes, tant les sujets abordés sont durs et inextricables.