Espoir et expectative prévalent parmi les membres du comité de pilotage des « états généraux du travail social » (1), dont la réunion d’installation a eu lieu le 28 mai au ministère des Affaires sociales, sous l’égide de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS). L’occasion pour cette dernière de rappeler que cette démarche de « refondation du travail social » s’inscrit dans le plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, avec l’objectif de construire un programme d’actions en concertation avec les acteurs de terrain et les représentants des usagers.
Concrètement, une « équipe projet », représentant la DGCS, l’Agence nouvelle des solidarités actives, le Conseil supérieur du travail social (CSTS) et l’Unaforis (Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale), est chargée de la mise en œuvre opérationnelle. En amont de la conclusion nationale, prévue en juin 2014, devraient se tenir neuf assises interrégionales à partir de l’automne prochain. Chaque territoire devra traiter d’une thématique « transverse » (articulation entre travailleurs sociaux et autres intervenants, place des usagers, management et organisation du travail, formation…) et d’un sujet de politiques publiques (lutte contre la pauvreté, hébergement-logement, protection de l’enfance, personnes âgées et handicapées…). « Les participants ont également fait émerger l’idée qu’il fallait se pencher sur les actions collectives et le développement social local, précise-t-on au cabinet de la ministre déléguée chargée de l’exclusion. L’objectif est d’arriver, localement, à un portage Etat-associations et de faire remonter à la fois les diagnostics, les bonnes pratiques et les propositions. »
Une perspective dans l’ensemble bien accueillie, commente Pierre Gauthier, président de l’Unaforis, les intervenants ayant pris le soin de souligner qu’il ne s’agissait pas « d’améliorer la gestion des dispositifs, mais de redonner un sens politique au travail social ». Pas question non plus de débattre sur la reconnaissance des professionnels sans aborder leurs diplômes et leurs statuts. « Les problèmes catégoriels vont arriver très vite. Qu’est-ce qu’il y aura à la sortie ? », s’interroge-t-il. Alain Dru, secrétaire général de la CGT-PJJ et membre du « groupe projet » au nom de la commission permanente du CSTS, estime que « la démarche est suffisamment complexe et travaillée pour qu’elle aboutisse à autre chose qu’une grand-messe », à condition que la volonté politique du gouvernement soit à la hauteur des ambitions affichées. Pour Jean-Marie Vauchez, président de l’Organisation nationale des éducateurs spécialisés, l’accent mis par la directrice générale de la cohésion sociale, Sabine Fourcade, sur la nécessaire reconnaissance des diplômes est un « signe très encourageant ».
A l’Assemblée des départements de France (ADF), on craint au contraire que les débats se polarisent sur les questions statutaires. Jean-Pierre Hardy, chef du service « politiques sociales », craint une « confusion des genres ». « Ce n’est pas le bon cadre pour traiter de ce sujet ou de celui de l’organisation du travail social dans les départements, argumente-t-il. D’autant que les syndicats de la fonction publique ne sont pas représentés. » Certes, « il y aura des réponses à apporter, mais les états généraux ne sont pas un lieu de négociation… », concède-t-on d’ailleurs au cabinet de Marie-Arlette Carlotti.
Dans le même temps, les fédérations associatives font valoir d’autres priorités. L’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) espère une réflexion globale sur l’accompagnement des personnes, qui se pencherait sur l’articulation entre les salariés, les bénévoles et les aidants. La FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale), qui prépare ses propres journées du travail social, les 7 et 8 novembre, notamment dans la perspective d’alimenter les états généraux, souhaite approfondir les questions des postures professionnelles et de l’association des travailleurs sociaux à la gouvernance des politiques publiques. Côté organisation, le comité de pilotage doit encore affiner les modalités de représentation des usagers durant la démarche. Sa prochaine réunion devrait se tenir cet été.
(1) Une quarantaine de représentants des services de l’Etat, du Conseil supérieur du travail social, d’associations professionnelles, d’élus, des branches professionnelles, des établissements de formation ou encore du Conseil national de la fonction publique territoriale.