La Commission européenne a décidé d’encourager les organisations de la société civile à mieux coopérer pour venir en aide aux victimes de la traite des êtres humains. Face à l’attentisme des Etats membres de l’Union européenne (UE), elle a en effet inauguré, le 31 mai, une plateforme paneuropéenne rassemblant plus d’une centaine d’organisations actives dans les domaines des droits de l’Homme, des droits de l’enfant, des droits de la femme et de l’égalité des sexes, ainsi que des droits et de l’hébergement des migrants. Pour la France, y sont représentés l’Amicale du Nid, la Coordination française pour le lobby européen des femmes (CLEF), la Fondation Scelles, Caritas France, Forum Refugiés-Cosi et le Mouvement du Nid.
Il s’agit de l’une des 40 initiatives concrètes de la stratégie de l’UE en vue de l’éradication de la traite des êtres humains pour la période 2012-2016 (1). L’objectif de cette plateforme est de permettre à ces organisations de se rencontrer, d’échanger sur leurs expériences respectives et de réfléchir à des idées concrètes sur les moyens de mettre un terme à ce fléau. Elle servira également à répercuter à la Commission européenne les informations les plus récentes et les difficultés du terrain.
Dans son premier rapport sur la lutte contre la traite des êtres humains, publié le 15 avril dernier (2), la Commission européenne a en effet mis en exergue l’urgence d’une action coordonnée. Il montre que le nombre total de victimes identifiées ou présumées est passé de 6 309 en 2008 à 7 795 en 2009, pour atteindre 9 528 en 2010, ce qui représente une augmentation annuelle de 18 % au cours des trois années de référence. A contrario, le nombre de trafiquants condamnés à des peines de prison a diminué (- 13 % sur la même période). Malgré ces résultats alarmants, la Commission déplore que la France, comme 17 autres Etats membres, n’ait toujours pas procédé à la transposition complète de la directive 2011/36/UE du 5 avril 2011 concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes (3), pourtant supposée être achevée depuis le 6 avril 2013. Sur ce point, la négligence de la France devrait bientôt être réparée puisqu’un projet de loi transposant cette directive, présenté le 20 février dernier en conseil des ministres par la garde des Sceaux (4), a pratiquement fini son parcours parlementaire et devrait être très prochainement adopté.
(2) Disponible en anglais sur