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Déménageurs militants

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Abasourdie par l’avis d’expulsion et les menaces d’amendes (25 000 € par mois), une jeune femme craque. « On est qui, on est de la merde ? Je demande juste un peu de répit pour vivre… » Membre du collectif Jeudi Noir, elle occupe depuis plusieurs semaines, sans droit ni titre, un hôtel particulier de la place des Vosges, l’une des plus chères de Paris. Vide, depuis quarante ans. La tutrice de la propriétaire vient d’obtenir l’expulsion de la trentaine de squatters qui s’y sont installés, et les voilà contraints, à nouveau, de chercher un toit. Créé en 2006, Jeudi Noir dénonce la crise du logement au moyen d’actions spectaculaires, comme des installations dans des logements inoccupés ou des visites festives d’appartements aux loyers jugés indécents. Cette aventure collective, « mélange de militantisme et de pragmatisme », la réalisatrice Marie Maffre l’a partagée pendant trois ans. Dans Ainsi squattent-ils, elle montre l’ouverture, l’occupation puis l’expulsion de deux lieux emblématiques du combat de Jeudi Noir : l’hôtel de Coulanges et un immeuble de bureaux appartenant à l’assureur Axa, tout près de la place Beauvau. Plus qu’un film sur le mal-logement, Marie Maffre donne à voir un militantisme contemporain, la mise en œuvre concrète et connectée d’une utopie, avec ses joies, ses tensions et ses moments d’intense déception : échapper aux patrouilles de police, donner un spectacle pour les voisins, tout décider en commun, refaire son paquetage, encore, pour déménager à nouveau. On y croise des jeunes gens d’une détermination obstinée, d’une inventivité à toute épreuve, mais aussi d’étonnants soutiens, comme cette dame bien mise, maquillée et chapeautée, qui constate l’occupation de l’hôtel particulier. « On est rentrés de façon illégale », lui explique un jeune membre du collectif. « Ah, d’accord, c’est encore mieux », répond-elle dans un grand sourire. Depuis la fin du tournage – au cours duquel Marie Maffre elle-même a été placée en garde à vue –, Jeudi Noir a occupé d’autres immeubles. « On ne fait pas une politique du logement avec la réquisition des logements vacants, intervient au cours du film Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Mais de telles actions permettent de rendre visible la pénurie. »

Ainsi squattent-ils

Marie Maffre – En salles le 5 juin

Culture

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