Tortures intimes

Sous sa jolie couverture en relief, la bande dessinée 7^e étage renferme une histoire abominable, celle qu’a réellement vécue la dessinatrice Åsa Grennvall quand elle était jeune étudiante en art. Pendant une année, elle a connu une très belle histoire d’amour avec Nils. « De l’extérieur, nous formions un couple parfait. Nous étions toujours collés l’un à l’autre. Comment aurions-nous pu ne pas être heureux ? » Åsa ne quitte jamais le jeune homme des yeux – comment pourrait-elle faire autrement, puisque Nils ne l’autorise pas à poser ne serait-ce qu’une seconde le regard sur un autre homme ? Son extrême jalousie ne prouve-t-elle pas à quel point il l’aime ? Charmant et séduisant, Nils est son chevalier protecteur ; avec lui, Åsa n’a plus peur de se projeter dans l’avenir. Certes, il a parfois des réactions étranges : il rentre dans des colères monstres quand elle téléphone à ses amis ou à sa famille ou déchiquette le plateau de Trivial Pursuit quand elle remporte une partie. Åsa l’aime tellement qu’elle ferait tout pour qu’il soit heureux avec elle… Quitte à changer pour devenir celle qu’il voudrait qu’elle soit. Mais les choses ne font qu’empirer. Nils l’insulte et l’humilie – toujours dans la voiture, qu’elle appelle « la chambre des tortures ». Peu à peu, l’idylle se transforme insidieusement en cauchemar, sans qu’Åsa comprenne vraiment ce qui se passe. Osera-t-elle briser le silence ? 7^eétage est une histoire de violence conjugale qui commence subrepticement, se poursuit en une violence psychologique pour se terminer par des coups. Sorte de journal intime en cases noir et blanc intenses, ce récit – qui a reçu le soutien d’Amnesty International – nous fait ressentir de l’intérieur le mécanisme de déconstruction de soi et d’asservissement au sein du couple.