L’initiative est sans précédent, selon le Snepap (Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire)-FSU qui la relaie. Dans une lettre ouverte adressée le 10 mai à la garde des Sceaux et au Premier ministre, quelque 130 cadres de services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) – dont près de la moitié sont directeurs de services –, syndiqués ou non, appellent à une « véritable politique de la probation en France ». Alors que les SPIP ont dû subir, « au cours de ces dernières années, une diversification mal hiérarchisée » de leurs missions et ont dû « composer avec une extrême carence » de leurs moyens, les propositions issues de la conférence de consensus de février dernier (1) « offrent les conditions d’un réel changement dès lors, naturellement, qu’elles connaîtront un aboutissement réel », s’impatientent les signataires.
Car, deux ans après l’affaire « Laetitia Perrais » qui a mis ces services sur la sellette, leurs conditions d’exercice n’ont pas changé. La loi du 10 août 2011 a introduit dans le code de procédure pénale l’obligation pour le SPIP de convoquer un sortant de prison soumis à un suivi socio-judiciaire dans un délai de huit jours. Mais les effectifs ne sont toujours pas à la hauteur. Alors que l’étude d’impact de la loi pénitentiaire de 2009 chiffrait les besoins à 1 000 conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) supplémentaires, seulement 43 recrutements sont prévus pour 2013.« En un an, plus de 5 000 personnes supplémentaires sont suivis par les CPIP, qui ont chacun en moyenne 120, voire 130 dossiers », précise Charlotte Cloarec, secrétaire générale du Snepap, qui s’inquiète par ailleurs de « l’absence de travaux officiels » sur la peine de probation pourtant promise par la garde des Sceaux.
« Les réalités des personnels des SPIP continuent depuis deux ans de se dégrader », abonde la CGT-pénitentiaire. L’organisation dénonce « l’absence totale de perspectives positives pour assurer le suivi des 252 000 personnes actuellement sous le coup d’une condamnation ». Elle s’interroge sur l’avenir de la loi pénale, désormais repoussée à l’automne, « dont les contours sont de plus en plus édulcorés et dont le calendrier s’éternise ».