Les jeunes hommes des zones urbaines sensibles (ZUS) pâtissent de plus en plus de « l’effet quartier » dans leur insertion professionnelle, pointe le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications), après avoir suivi trois cohortes de ces publics (1998, 2004 et 2007) pendant leurs trois premières années sur le marché du travail (1). Celui-ci ne néglige pas pour autant les raisons liées aux inégalités sociales et à la crise économique dans leurs difficultés d’insertion. En effet, l’environnement familial des jeunes de ZUS est souvent éloigné du marché du travail (seuls 59 % de la cohorte 2007 ont un père en emploi), 45 % sont issus de l’immigration et plus de la moitié ont été orientés vers des filières professionnelles après des scolarités chaotiques. Ils ont deux fois plus de risques que les autres jeunes urbains de quitter l’enseignement supérieur sans avoir obtenu un diplôme supérieur au bac. La crise économique les atteint plus durement puisque les secteurs industriels et les emplois ouvriers ont été principalement touchés. Entre les cohortes 1998 et 2007, la part des jeunes de ZUS exposés plus de un an au chômage augmente de 11 points (de 24 % à 35 %) tandis que la part de ceux en emploi trois ans après la sortie de formation baisse de 12 points (de 73 % à 61 %).
Pour le Céreq, il existe cependant un rôle intrinsèque du territoire sur les destinées individuelles : les habitants de certaines zones urbaines souffrent de la faible densité d’emplois à proximité mais aussi de la ségrégation sociale. « On peut penser à l’existence d’une discrimination spécifiquement territoriale qui conduirait les employeurs à ne pas recruter les habitants de certaines zones », observe le centre d’étude.
L’enquête montre, en revanche, que les jeunes femmes issues de ces territoires semblent réussir à s’affranchir de ces difficultés.
(1) « Insertion des jeunes des quartiers sensibles : les hommes doublement pénalisés » – Bref du Céreq n° 309 – Avril 2013 – Disponible sur