La mobilisation initiée par les centres sociaux de Paris contre le concept « français langue d’intégration » (FLI) prend une nouvelle ampleur (1). Depuis fin avril, elle est relayée à l’échelle nationale par la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), ainsi que par la Cimade, le Secours catholique et la Ligue des droits de l’Homme. Les quatre organisations ont pris position dans une déclaration commune adressée au ministère de l’Intérieur.
Leurs critiques rejoignent les inquiétudes des acteurs de proximité à l’égard du label de qualité FLI. Créé par un décret du 11 octobre 2011 issu de la ? dernière loi sur l’immigration, celui-ci permet aux organismes de formation de délivrer une attestation reconnue par les autorités dans le cadre des procédures d’accès à la naturalisation et à la résidence en France. Un autre texte réglementaire, non encore paru, prévoit l’agrément des associations selon les critères du référentiel utilisé pour ce label. Ce qui suscite, depuis plusieurs mois, l’opposition des centres sociaux parisiens et d’autres structures locales qui proposent aujourd’hui des activités d’apprentissage linguistique. Avec ce projet, « le ministère de l’Intérieur propose aux associations de passer du sur-mesure qu’elles mettent en œuvre au service des parcours des personnes migrantes au “prêt-à-former” normatif et réducteur au service de l’Etat et de sa politique de régulation des flux migratoires et des naturalisations », analysent à leur tour la FCSF, la Cimade, le Secours catholique et la Ligue des droits de l’Homme. Elles reprochent au « concept FLI » de renier le savoir-faire et la diversité du secteur associatif en concevant l’apprentissage du français « comme une fin », sans lien avec une approche globale du lien social et de l’intégration fondée sur la participation des personnes. Elles craignent en outre que ce dispositif réduise l’offre d’apprentissage du français, déjà insuffisante au regard des besoins, et conduise à la mise en concurrence des associations par le biais d’appels d’offres.
Dans leur déclaration, les organisations réclament l’abandon du projet d’agrément FLI et l’ouverture du dialogue pour parvenir à la rédaction d’une « charte de qualité pour les actions d’apprentissage du français portées par les associations ». A plus long terme, elles demandent de « faire de la question de l’apprentissage du français une compétence partagée entre les ministères concernés plutôt qu’une compétence exclusive du ministère de l’Intérieur ». Elles ont reçu la promesse d’être prochainement reçues place Beauvau.