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Pour les sans-abri et les mal-logés, les associations ne veulent plus attendre

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« Il faut changer de rythme dans les réformes. » Tel était l’appel des représentants du Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement et du collectif Romeurope à la sortie de leur réunion à Matignon le 14 mai, avec le Premier ministre, la ministre déléguée chargée de l’exclusion, la ministre du Logement et le ministre de l’Intérieur. A l’ordre du jour : un point d’étape sur la politique de l’hébergement et d’accès au logement et la question de la prise en charge des occupants des bidonvilles et campements illicites.

Sur le premier sujet, « le gouvernement nous demande d’être patients en promettant que ses réformes vont produire leurs effets, mais les personnes en situation de mal-logement ne peuvent plus attendre ! », s’est alarmé Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre. Dans une lettre ouverte adressée à Jean-Marc Ayrault le 3 mai, le collectif avait rappelé son vœu de concilier « les transformations structurelles » promises ou engagées, en particulier sur la production de logements sociaux, avec « le traitement des urgences les plus criantes » face à une crise économique et sociale devenue explosive. Alors que le ministère du Logement entend faire de la mise en place d’une « garantie universelle » des loyers, dans le cadre du projet de loi sur le logement et l’urbanisme attendu pour fin juin, une mesure phare en termes de prévention, le collectif n’a pas été entendu sur sa demande de moratoire sur les expulsions locatives en 2013.

« Est-ce que les personnes en souffrance sociale sont la priorité du gouvernement ? Nous n’en sommes pas sûrs après cette réunion », se désole Florent Guéguen, directeur général de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale). Le gouvernement a, certes, prévu la création de 6 800 places d’hébergement d’urgence supplémentaires et de 7 900 places en logement adapté en 2013, mais « en un an, la situation des personnes sans abri n’a pas évolué », ajoute-t-il. Pour les associations, la fin de la gestion « au thermomètre » du dispositif d’hébergement n’est pas encore une réalité, puisque « des places vont progressivement fermer jusqu’à la rentrée – 1 500 en Ile-de-France ». Aux inquiétudes sur les remises à la rue s’ajoutent des préoccupations sur le maintien de la qualité de l’hébergement. « Le budget des centres d’hébergement et de réinsertion sociale est en baisse en 2013 [voir ce numéro, page 42] et des appels à projets sont lancés pour des places à bas coût, sans accompagnement social », poursuit Florent Guéguen. Les associations demandent que le projet de loi de Cécile Duflot institue un droit à l’accompagnement social pour toutes les personnes hébergées. Elles réclament, par ailleurs, un doublement des objectifs en matière de créations de places en maisons-relais (500 annoncées).

Quant à la politique menée à l’égard des publics roms vivant dans des bidonvilles ou des campements, « nous avons demandé un geste fort pour mettre fin au discours de stigmatisation et montrer qu’une bonne partie de cette population a envie de s’intégrer en France », souligne François Soulage, président du Secours catholique. Une geste politique qui pourrait par exemple valoriser les actions réussies d’accompagnement vers l’insertion. Sur l’application de la circulaire du 26 août dernier relative à l’anticipation et à l’accompagnement de l’évacuation des campements (1), « le Premier ministre a, semble-t-il, compris qu’il fallait qu’il reprenne la main », estime Laurent El Ghozi pour Romeurope. Tandis que Jean-Marc Ayrault réaffirmait dans un communiqué sa politique « équilibrée » sur le sujet, une trentaine de Roms étaient expulsés le 14 mai d’un terrain privé, dans la banlieue lyonnaise. La veille, l’incendie d’un bâtiment occupé par des familles roms, à Lyon, avait coûté la vie à deux femmes et un enfant.

Notes

(1) Voir ASH n° 2772 du 31-08-12, p. 20.

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