Trop souvent, celui-ci est considéré comme une activité dérivée de l’accueil permanent alors que c’est une discipline à part entière, avec ses propres contraintes et modes de fonctionnement. Les autorités ont longtemps imposé aux structures médico-sociales de prévoir deux à trois places d’accueil temporaire dans leur projet d’établissement pour que leur demande d’autorisation globale soit acceptée.
Les administrateurs s’y conformaient, bon gré mal gré, sans y consacrer l’approche nécessaire. Cela explique que bon nombre de places ne fonctionnent pas correctement ! Un état des lieux dans les Pays-de-la-Loire montre un taux d’occupation très faible ou la transformation de certaines places temporaires en places permanentes alors que les besoins sont énormes. L’accueil temporaire a des bénéfices importants pour les politiques sociales, les familles et les usagers : il apporte du répit aux aidants mais permet aussi de réaliser des bilans/évaluations, de maintenir les acquis, de répondre aux accueils d’urgence, de préparer l’entrée en établissement… Sans oublier qu’une place rend service à 12 familles chez les enfants, à 7 familles chez les adultes. Le retour sur investissement est donc considérable. Un accueil temporaire fonctionne très bien quand il est organisé correctement et piloté, avec un projet spécifique.
En 2003, dans son rapport sur « L’accueil temporaire des personnes handicapées » remis à Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées (2), le GRATH demandait déjà la mise en place de formations à grande échelle pour accompagner les établissements et optimiser ces places. Las d’attendre, le groupe a d’abord développé des formations en passant par des formateurs indépendants issus de ses rangs. En lançant le CNRHT, nous le faisons de façon plus ambitieuse et plus visible. Ce centre de ressources s’adresse aux planificateurs (agences régionales de santé et conseils généraux), aux orienteurs (MDPH, CLIC) et aux gestionnaires afin de leur donner toutes les clés pour rendre efficace un dispositif d’accueil temporaire. Il ne s’agit pas d’un lieu dédié mais d’une cellule dont les formateurs experts – d’anciens ou d’actuels directeurs d’établissements qui ont fait fonctionner des formules d’accueil temporaire – vont se déplacer pour diffuser des pratiques qui ont fait leurs preuves en les adaptant aux problématiques locales. Au programme des formations : mettre en place et gérer une unité d’accueil, se doter des bons outils, travailler en réseau avec les acteurs territoriaux, gérer le dispositif départemental, évaluer les besoins…
Dans le Pas-de-Calais, il y a dix ans, on ne comptait que six places d’accueil temporaire. Un établissement voulait développer la formule, mais le conseil général temporisait. En aidant ce dernier à rédiger les fiches-actions du schéma départemental, nous avons réussi à le convaincre du bien-fondé de l’accueil temporaire. Aujourd’hui, le Pas-de-Calais compte 120 places qui répondent aux besoins de 1 000 personnes à l’année. Parce qu’elles étaient satisfaites de la formule, des familles qui demandaient une place en établissement ont renoncé à ce projet – ce qui a permis de désengorger la liste d’attente. On voit bien l’intérêt de l’hébergement temporaire dans un pays qui ne compte que 2 600 places pour adultes et enfants handicapés et 13 700 pour personnes âgées. C’est pourquoi le GRATH regrette que le plan « autisme » ne propose que 350 nouvelles places d’accueil temporaire pour un budget de 14 millions d’euros (3). On est loin du compte ! De plus, la ministre déléguée aux personnes handicapées souhaite rattacher ces places à des accueils permanents. Mais en disséminer deux par-ci, deux par-là, serait une erreur : les unités dédiées – à partir de six places – fonctionnent bien mieux.
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