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Deux associations font part d’une hausse sans précédent de l’homophobie

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Insultes, discriminations, voire mises à la porte du domicile familial pour les plus jeunes, les rapports annuels du Refuge et de SOS homophobie témoignent d’une montée préoccupante de l’homophobie. Le nombre d’appels et de demandes d’hébergement a fortement augmenté en 2012.

A l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie, le 17 mai, l’association nationale Le Refuge, qui a pour vocation de prévenir et de rompre l’isolement des adolescents homosexuels (hébergement temporaire, accompagnement social et psychologique, écoute et médiation familiale, prévention par le biais d’interventions en milieu scolaire), a dévoilé son rapport d’activité 2012 au Sénat, en présence de Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la famille, et du sénateur socialiste Jean-Pierre Michel, rapporteur du projet de loi sur le « mariage pour tous ».

De janvier à décembre, 930 personnes ont pris contact avec l’une des cinq délégations – Montpellier, Paris, Marseille, Lyon et Toulouse – ou des trois antennes – Narbonne, Lille et Saint-Denis de la Réunion – du Refuge, soit une augmentation de 194 % en un an. 114 jeunes ont été hébergés, principalement à Paris et Montpellier. Leur âge moyen est de 21 ans. Sur sa ligne d’urgence, l’association a néanmoins recensé, parmi les 450 appels mensuels en moyenne, de plus en plus de jeunes adolescents victimes d’homophobie.

Elle a pu répondre à 59 % des demandes de logement (contre 22 % en 2011) grâce une augmentation des appartements et des nuitées d’hôtel. Les autres demandes ont été orientées vers d’autres structures. « Cependant, pointe le rapport, les foyers et centres d’hébergement ne correspondent pas toujours aux caractéristiques de notre public. Ils peuvent même être dangereux pour certains jeunes, du fait d’un personnel non formé aux problématiques du suicide, de la prise de risques et de l’homophobie. » A 64 %, le public hébergé est en situation de précarité, voire de grande précarité car sans revenu. « Cette absence de revenu est aussi une brèche où peuvent s’infiltrer la prostitution de survie ou l’échange “logement contre sexe” », note l’association. 12 % des jeunes hébergés ont néanmoins un emploi.

A l’admission dans la structure, 18 % de jeunes étaient sans logement et 33 % étaient hébergés par un tiers (amis ou personnes exigeant des faveurs sexuelles). 28 % sont arrivés directement de chez leurs parents. De plus en plus de jeunes sont issus du milieu rural (+ 25 %) où « l’absence de lieux ressources ou de points d’écoute renforce la sensation d’isolement et de mal-être ».

La prise en charge – entre un mois et un an – se termine quand les conseillères en économie sociale et familiale trouvent avec les jeunes des solutions de logement, des bourses ou des hébergements de transition gérés par le Refuge : à Paris avec les logements à bail glissant (1), à Montpellier avec un appartement excentré qui permet de se détacher progressivement de la structure tout en maintenant un lien. Néanmoins, 44 % doivent être exclus de la structure avant la fin de prise en charge (11 % retournent à la rue). « Ce taux s’explique par des problématiques souvent lourdes, ces jeunes ne réussissant pas à s’adapter à un fonctionnement avec des règles ou ne parvenant pas à surmonter leurs difficultés psychologiques », décrypte l’association. D’un point de vue plus positif, elle relève que 22 % des hébergés retournent en famille (contre 15 % en 2011). « Cela résulte d’un travail important pour renouer les liens avec les parents mais aussi les oncles et tantes, les grands-parents », insiste le Refuge, dont les équipes « agissent tels des médiateurs dans la relation ».

L’association constate, enfin, que la place des filles reste toujours très discrète (14 %) au sein de ces structures. « L’accent est mis en direction de la population féminine mais le tabou autour de cette homosexualité et leur relative invisibilité rend difficile leur captation. »

De son côté, l’association SOS homophobie, qui publie son 17e rapport annuel (2), a recensé près de 2 000 témoignages de victimes d’homophobie, de gayphobie, de biphobie, de transphobie et de lesbophobie en 2012 (soit 27 % de plus qu’en 2011) sur sa ligne d’écoute (n° Azur 0810 108 135), son tchat’écoute et sa page Facebook. Les appelants sont plutôt des hommes âgés de 25 à 49 ans, résidant en Ile-de-France. Il est clair, selon elle, que les débats et les manifestations qui ont entouré le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe ont libéré et médiatisé la parole homophobe. Elle note, par ailleurs, que les victimes ont davantage osé témoigner et que beaucoup réagissent à leur agression. 44 % font part d’insultes, 16 % de discriminations, 14 % de menaces et 8 % d’agressions physiques (commises pour la moitié dans des endroits publics et de la part de proches). 35 % se plaignent d’une homophobie de la part d’internautes (+ 50 % par rapport à 2011). L’homophobie exercée dans le cadre scolaire a, quant à elle, augmenté de 38 %.

Notes

(1) Voir ASH n° 2768 du 13-07-12, p. 28.

(2) Disponible sur www.sos-homophobie.org

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