Menus objets du chez-soi

Depuis longtemps au centre des préoccupations gérontologiques, la réflexion sur l’habitat des personnes âgées s’est aujourd’hui élargie à l’« habiter ». Il s’agit d’envisager les manières diverses de vivre en appréhendant le vieillissement « dans le cadre des transitions qui accompagnent et structurent le parcours de vie », explique Monique Membrado, chercheuse en sociologie, coordinatrice de cet ouvrage collectif avec Alice Rouyer, maître de conférences en géographie. Dans cet esprit, la sociologue Simone Pennec éclaire les stratégies et capacités dont témoignent les individus, tout au long de l’avancée en âge, « pour investir, désinvestir et réengager de nouvelles pratiques dans leur(s) logement(s) et leur(s) environnement(s) », qu’ils restent dans le même domicile ou soient conduits à en changer. Dans cette seconde hypothèse, comment les personnes qui emménagent en maison de retraite prennent-elles possession des lieux afin qu’ils deviennent habitables pour elles ? A partir d’une enquête auprès de résidents en établissements, Bernard Duperrein, maître de conférences en sociologie, montre comment les intéressés condensent leur vécu dans un petit nombre d’objets aux arrangements calculés qui sont autant de « monuments de mémoire » leur faisant signe. Creuset de la continuité identitaire, ce chez-soi au sein du collectif est parfois très réduit. Dans les cas de personnes atteintes de troubles cognitifs rapportés par les sociologues Bernadette Puijalon et Jacqueline Trincaz, une vieille automobile immobilisée sur le parking de l’institution ou un sac à main font ainsi office de maisons miniaturisées.