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Comment esquisser l’insondable ?

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« Avoir accepté un poste à temps partiel de professeur d’art pour “adultes intellectuellement déficients” – du mongolisme à l’autisme – m’a guérie de toutes mes idées reçues sur les progrès de l’humanité. Je plongeai dans un univers non conventionnel et appuyai sur le bouton “reset”. » Au terme de cette expérience, l’Australienne Mirranda Burton a réalisé une bande dessinée, Cachés, dans laquelle elle raconte les petits et grands événements de ces séances. « C’était un peu comme ouvrir une nouvelle bouteille d’encre et appliquer une couleur jusque-là inconnue », tente-t-elle d’expliquer en introduction. Car tout comme elle a eu du mal à aborder des personnes handicapées dont elle ne connaissait rien et qui l’ont laissée « cernée de questions insolubles », il ne lui a pas été aisé de raconter ce monde. La plupart des élèves de Mirranda ne parlent pas, ou si peu. Ils s’expriment uniquement à travers ce qu’ils créent, avec plus ou moins de talent. Organisé en chapitres-portraits, Cachés dépeint plusieurs participants aux ateliers, artistes en herbe dont on ne sait si, oui ou non, ils maîtrisent leurs créations. Eddie a dessiné pendant deux ans sur le même morceau de papier – « Ce qu’il attendait de moi avant tout, c’était que je lui taille ses crayons au cutter, de manière extrêmement pointue. J’ai bien tenté de favoriser son autonomie en lui montrant qu’il pouvait affûter ses crayons lui-même avec un taille-crayon moins dangereux, mais il n’y voyait aucun intérêt », note Mirranda Burton entre ses bulles en noir et blanc. Quant à Steve, qui vit avec une obsession de la météo, il inspire à la bédéiste de nouvelles techniques d’apprentissage. Elle aborde aussi avec beaucoup de tendresse l’histoire de Julie, fan de rock’n’roll et douée en gravure, qu’elle aimerait aider à intégrer une école d’art reconnue malgré son autisme.

Après avoir publié une bande dessinée sur l’animation d’ateliers BD en prison, le témoignage d’une infirmière à domicile auprès des personnes âgées ou encore le périple de deux jeunes handicapés psychiques fuyant leur centre d’hébergement, La Boîte à bulles affiche clairement son goût pour les sujets sociaux (1). Cette jeune maison d’édition donne surtout, à chaque fois, page blanche à des auteurs sachant transmettre de belles émotions. Cachés a été consacré « Meilleur roman graphique australien » en 2011.

Cachés

Mirranda Burton – Ed. La Boîte à bulles – 14 €

Notes

(1) Voir ASH n° 2796 du 8-02-13, p. 30, n° 2778 du 12-10-12, p. 37, et n° 2709 du 13-05-11, p. 43.

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