Impact de la crise économique sur les usagers, augmentation de la charge de travail, difficultés à résorber les retards dans le traitement des dossiers, usure des professionnels… Dans un courrier qu’elle lui a adressé le 29 avril, l’Association des directeurs de caisses d’allocations familiales (Adircaf) alerte Dominique Bertinotti sur « la fragilité du fonctionnement actuel » des caisses. Quelques jours après avoir été reçue par la ministre déléguée à la famille, elle réitère son souhait de voir le contexte socio-économique et les évolutions réglementaires pris en compte dans le cadre de la convention d’objectifs et de gestion (COG) 2013-2016, en cours de finalisation entre l’Etat et la caisse nationale des allocations familiales.
« Aujourd’hui les familles pauvres, les bénéficiaires de minima sociaux représentent entre 30 et 40 % de nos allocataires, selon les territoires. Leur nombre a progressé de 3 à 4 points au cours des quatre années de la COG précédente », écrit Chantal Rémy, présidente de l’Adircaf et directrice de la CAF des Landes. « Une population pour qui les prestations constituent la quasi-totalité des ressources disponibles » et qui manifeste son angoisse au guichet « par des comportements parfois déraisonnables ». L’association témoigne de tensions « à peine tenables » et de la multiplication des incidents et des actes de violence aux accueils. D’autant que les demandes de simulation de droits, les changements fréquents de situation, la complexité de la réglementation, les nouvelles tâches confiées ces dernières années par l’Etat (traitement des impayés de loyer, renforcement de la lutte contre la fraude…) ont considérablement accru la charge de travail des agents. « Le recours à des heures supplémentaires, à des contrats à durée déterminée, les réductions ou les fermetures d’accueil physique ou téléphonique, la solidarité institutionnelle font aujourd’hui partie des moyens couramment utilisés par nos organismes pour assurer, en priorité, le paiement des dossiers », poursuit la présidente de l’Adircaf. Conséquence, « l’augmentation des risques psychosociaux, la fatigue qui affecte de plus en plus nos agents et l’épuisement du personnel d’encadrement marquent la situation de nombreuses CAF ».
L’Adircaf demande donc « des moyens de gestion en adéquation » avec les objectifs et la charge de travail des organismes – garantie qui engage la « responsabilité de directeur et d’employeur et conditionne le respect de la sécurité et la santé au travail ». Le maintien annoncé par la ministre des effectifs, avec un apport de 1 000 emplois d’avenir, ne suffira pas à améliorer significativement la situation, estime-t-elle, compte tenu du tutorat, de la formation et de l’accompagnement nécessaires par les personnels en place avant que ces nouveaux postes puissent être opérationnels.