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Emploi des jeunes : le Conseil d’analyse économique critique la politique du gouvernement

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« En dépit des mesures annoncées récemment par le gouvernement, la politique de l’emploi en direction des jeunes reste mal orientée » et « sans nouvelle impulsion, l’emploi des jeunes demeurera malheureusement, et pour longtemps, trop faible et leur chômage trop élevé. » Dans un rapport présenté le 23 avril au Premier ministre, le Conseil d’analyse économique (CAE) fustige la politique gouvernementale en direction des jeunes peu ou pas qualifiés. Alors que le taux de chômage des moins de 25 ans ne cesse de progresser (voir ce numéro, page 6) et que les derniers instruments gouvernementaux peinent à démarrer (1), l’instance critique ouvertement les orientations prises par le gouvernement en faveur de ce public et remet en cause l’intérêt des emplois d’avenir et des contrats de génération.

« Près d’un million de jeunes à la dérive »

« Aujourd’hui – constate le CAE – près de 1,9 million de jeunes de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation », soit presque 17 % de la tranche d’âge. « Plus grave encore – poursuit-il –, environ la moitié de ces jeunes, soit 900 000, ne cherchent pas d’emploi. Ils sont à la dérive. » Et 150 000 jeunes sortent chaque année sans diplôme du système scolaire. Une fatalité ? Non, pour l’instance, c’est la politique gouvernementale qui est en cause : « mal orientée » et « inefficace » et ce, « depuis près de 30 ans ». Il préconise donc, de mieux « cibler les moyens sur ceux qui sont en difficulté et combattre de manière massive les vraies barrières ».

120 000 emplois d’avenir dans le secteur privé

Dans son viseur notamment, les emplois d’avenir qui, depuis le 1er novembre dernier, permettent à des jeunes peu ou pas qualifiés et rencontrant des difficultés d’accès à l’emploi d’acquérir une première expérience professionnelle (2). Pour le Conseil d’analyse économique, il est urgent de réorienter ce dispositif. « Pour améliorer la capacité des jeunes non qualifiés à acquérir des compétences et à s’adapter aux besoins des entreprises, la solution n’est pas de les placer dans des emplois du secteur public ou associatif », fustige-t-il. Le conseil propose donc de réallouer les budgets comme suit : 120 000 emplois d’avenir dans le secteur privé financés à 50 % par l’Etat et accompagnés de formations à mi-temps et 75 000 formations à temps plein dans les établissements publics d’insertion de la Défense et les écoles de la deuxième chance. « Ces programmes sont coûteux, mais utilisés de manière ciblée, ils peuvent redonner leurs chances de manière durable aux jeunes les plus défavorisés et constituer un investissement rentable, à long terme, pour l’ensemble de la société. »

Favoriser l’apprentissage et l’accompagnement professionnel

Autre proposition : améliorer la formation des jeunes en difficulté en rééquilibrant les dépenses pour l’apprentissage en faveur des jeunes non diplômés et en minimisant le poids des matières générales. Pour le CAE, en effet, « de nombreuses études, en France comme à l’étranger, démontrent que l’apprentissage augmente les chances de transition vers l’emploi dès la sortie du système éducatif ». Ce qui, pour l’instance, « n’est pas étonnant, car la formation qualifiante constitue, avec les subventions à l’emploi dans le secteur privé, la manière la plus efficace d’assurer à terme un retour durable à l’emploi non aidé, alors que les emplois du secteur public n’ont aucun impact significatif ».

En amont, le conseil propose également de renforcer l’accompagnement professionnel des jeunes les plus en difficulté. « Il est urgent de donner au service public de l’emploi les moyens de prendre en charge de manière ciblée et intensive les jeunes laissés pour compte. » Un conseiller pour 100 jeunes, comme c’est le cas actuellement en France, ne permet pas qu’une relation personnelle englobant tous les aspects de l’insertion (logement, transport, confiance en soi, formation, recherche d’emploi…) s’établisse. Le conseil propose donc de cibler les moyens sur les jeunes les moins diplômés « en s’appuyant sur les missions locales et sur les prestataires extérieurs dont les interventions seraient coordonnées par une unique entité administrative ».

Autres pistes d’amélioration

Parmi les autres pistes d’amélioration explorées par le CAE figure notamment la proposition d’un revenu de solidarité active (RSA) jeune. Sur le modèle de la « garantie jeune » (3), qui doit être expérimentée en septembre prochain dans dix territoires pilotes, le conseil relance l’idée d’un RSA socle dès 18 ans « mais dont la perception serait conditionnée à une obligation de recherche d’emploi réellement contrôlée et sanctionnée, à un accompagnement personnalisé et, le cas échéant, à des formations véritablement qualifiantes ».

Enfin, pour accroître le nombre d’offres d’emploi à destination des jeunes, l’instance préconise un allégement du coût du travail. Elle propose, par exemple, au gouvernement de « cibler les contrats de génération sur les rémunérations inférieures à 1,6 fois le SMIC pour l’emploi des jeunes en CDI [contrats à durée indéterminée] ». Ainsi, l’aide de l’Etat de 4 000 € proposée dans le cadre de ce dispositif (4) « bénéficiera en priorité à l’embauche (actuellement très difficile) de jeunes peu qualifiés en CDI, en plus du maintien dans l’emploi d’un senior ».

Notes

(1) Lancés le 1er novembre dernier, seulement 20 000 emplois d’avenir ont a ce jour été signés alors que le gouvernement compte atteindre le nombre de 100 000 contrats signés fin 2013 et 150 000 fin 2014.

(2) Voir ASH n° 2782 du 09-11-12, p. 36.

(3) Voir ASH n° 2794 du 25-01-13, p. 39.

(4) Voir ASH n° 2802 du 22-03-13, p. 40.

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