C ’est à mieux « travailler ensemble » dans le champ médico-psycho-social qu’appellent le psychanalyste Alain Depaulis et ses coauteurs Jean Navarro, professeur en pédiatrie, et Gilles Cervera, psychologue et formateur. Exemples à l’appui, les contributeurs commencent par analyser les principaux motifs d’échec sur lesquels butent souvent les initiatives pluridisciplinaires. Il y a l’aveuglement des spécialistes barricadés dans leur grille de lecture, les résistances institutionnelles figeant la dynamique de groupe, les contradictions entre acteurs qui ne tiennent pas compte des interventions annexes aux leurs, sans compter différents écueils imputables aux usagers eux-mêmes. Précisément, c’est en partant de ces derniers, de leurs difficultés et de leurs discours, qu’il est possible de dépasser et d’assumer l’hétérogénéité des positions pour construire une véritable « clinique en partenariat », plaident les auteurs. A rebours de l’esprit de synthèse qui tend à dissoudre chaque point de vue dans un ensemble, ils défendent une analyse des situations où chacun apporte ses éléments d’information, mais aussi son « non-savoir », c’est-à-dire « cette part du diagnostic qui échappe à chacun ». Le but n’est pas de convaincre, mais de bien saisir ce que l’autre exprime. Ce dispositif d’échange des savoirs – qui doit être ponctué d’écrits récapitulant les données fournies par les différents partenaires et les conséquences à tirer des pistes dégagées – « favorise une distanciation et une réflexion décentrée au regard de chaque intervention ».
Travailler ensemble, un défi pour le médicosocial. Complexité et altérité
Alain Depaulis, avec Jean Navarro et Gilles Cervera – Ed. érès – 23 €