« Je me mouille, je me savonne, je me rince. Trois fois de suite ! » Avant 2000, les 16 bains-douches parisiens enregistraient 300 000 usages par an. Depuis leur passage à la gratuité, chaque année, près d’un million de douches sont prises dans ces « services publics d’hygiène » nés à la fin du XIXe siècle ! Une telle fréquentation pour un lieu qui reste mystérieux avait de quoi aiguiser la curiosité de deux journalistes de France 24. Leur reportage interactif porte bien son nom – La tête sous l’eau – puisqu’elles ont suivi les usagers jusque dans la cabine de douche. Il nous plonge dans le quotidien de mal-logés et précaires, qui ne disposent chez eux ni de douche ni même parfois d’eau courante. Ceux-là représentent le tiers des usagers des bains-douches. Le reste du public est composé de personnes sans abri ou sans papiers, à 75 % des hommes. Mais le reportage donne aussi à voir des femmes âgées, des familles avec enfants, pour qui « la propreté, c’est la santé » Si, aux bains-douches, les produits d’hygiène et le linge de toilette ne sont pas fournis, les usagers ont accès à des cabines privées, aux lavabos, à des sèche-cheveux, et peuvent rester sous l’eau chaude « vingt minutes, habillage et déshabillage compris » (ce qui n’évite pas les longues files d’attente). Patrick Leclère, chargé de mission à la direction de la jeunesse et des sports à la Mairie de Paris, interrogé dans les différents onglets que propose l’interface du webdocumentaire, affirme que la ville réfléchit à apporter d’autres services aux personnes – laverie, coiffeur, consultation médicale, bagagerie…
La tête sous l’eau
Ségolène Allemandou et Julie Kara – A voir sur