« Nos quartiers sont abandonnés et nous le sommes aussi. Il suffit de se promener dans le centre commercial, hier si vivant, pour avoir l’impression de traverser un cimetière. Des locaux ont été brûlés et les rideaux de fer baissés. On les a murés pour éviter la formation de squats. Ils ont réglé les choses par des briques et du ciment sans se préoccuper des conséquences pour nous. » En permettant à un groupe de femmes du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) de s’exprimer sur des sujets concrets de leur existence, Zouina Meddour, chargée de mission « lutte contre les discriminations » de cette commune, et Saïd Bouamama, sociologue, montrent qu’elles peuvent être combatives, et non « passives et résignées » comme les médias les représentent souvent. Elles y donnent leurs propres constats et analyses sur la burqa, les révoltes des quartiers populaires de novembre 2005, les associations comme Ni putes ni soumises, leur sentiment d’être niées. Elles se plaignent de la police – « On a l’impression qu’on les embête quand on vient demander de l’aide » –, de la difficulté de l’accès aux soins, des problèmes d’argent, de la politique, de la violence, du racisme et de la discrimination aussi. Même les travailleurs sociaux sont en difficulté : « Quelque chose craque dans leur suivi à cause des moyens en diminution », disent-elles. Elles se demandent finalement s’il n’y a pas « une logique de pourrissement de certains quartiers ». « Il est temps que cela cesse » est leur mot d’ordre. S’il manque de contrepoint, le livre Femmes des quartiers populaires est une photographie par celles qui y vivent de la situation d’une banlieue « qui ne cesse de se dégrader ». Ces femmes d’origines diverses, âgées de 30 à 75?ans, ont ainsi voulu parler d’elles, de leurs vies, de leurs difficultés. « Personne ne connaît mieux ce que nous vivons. » L’ouvrage, qu’elles ont aidé à mettre en page, est illustré de photographies en noir et blanc les représentant dans leurs luttes.
Femmes de quartiers populaires
Ed. Le temps des cerises (