Depuis une quinzaine d’années, les personnes gravement handicapées et polyhandicapées bénéficient de prises en charge qui se sont améliorées et diversifiées, notent les coordonnateurs de cet ouvrage collectif, Gérard Zribi, directeur d’une association gestionnaire d’établissements et services spécialisés, et Jean-Tristan Richard, psychanalyste, directeur adjoint d’un centre d’action médico-sociale précoce. Du fait de la pluralité des déficiences et troubles dont souffrent ces personnes, un aspect essentiel de l’accompagnement qui doit leur être proposé est sa dimension globale. « En effet, les atteintes somatiques multiples pourraient pousser à des abords segmentaires, qui ne considéreraient pas la personne dans sa globalité », souligne le psychiatre Jacques Sarfaty. Néanmoins, le fonctionnement psychique des personnes polyhandicapées est relativement mal connu. C’est aussi le cas de leur capacité à communiquer quand elles ne disposent pas du langage oral. Or « toutes expriment quelque chose et reçoivent quelque chose de leur environnement même si les “canaux de communication” utilisés sont différents », affirme Anne-Marie Boutin, spécialiste du polyhandicap, qui pointe les ravages du déficit d’interactions pouvant enfermer les personnes dans une difficulté à s’ouvrir sur l’extérieur. « Faire sans relâche le pari du sens, c’est-à-dire d’une intériorité, même si cette intériorité est illisible et indéchiffrable », tel est l’enjeu de l’intervention auprès de ce public si fragile, résume Alice Casagrande, directrice adjointe à la Croix-Rouge française, chargée notamment de la promotion de la bientraitance.
Polyhandicaps et handicaps graves à expression multiple. Concepts, prises en charge, accompagnement, solutions
Sous la direction de Gérard Zribi et Jean-Tristan Richard – Ed. Presses de l’EHESP – 24 €